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Une insuffisance cardiaque se produit quand l’action de contraction ou de dilatation du cœur est inadéquate, généralement parce que le muscle cardiaque est faible, rigide, ou les deux.
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De nombreux troubles affectant le cœur peuvent provoquer une insuffisance cardiaque.
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Initialement, la plupart des personnes ne présentent aucun symptôme, la dyspnée et la fatigue se développent progressivement sur plusieurs jours à plusieurs mois.
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Du liquide peut s’accumuler dans les poumons, l’abdomen ou les jambes.
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Les médecins suspectent généralement une insuffisance cardiaque en fonction des symptômes, mais certains examens, comme une échocardiographie (échographie du cœur), sont habituellement pratiqués pour évaluer la fonction cardiaque.
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Le traitement consiste à traiter le trouble qui provoque l’insuffisance cardiaque, changer le mode de vie, et traiter l’insuffisance cardiaque avec des médicaments, une intervention chirurgicale, ou d’autres interventions.
L’insuffisance cardiaque peut survenir à tout âge, même chez les jeunes enfants (notamment ceux atteints d’une malformation cardiaque). Cependant, elle est bien plus fréquente chez les personnes âgées, car ces dernières sont plus susceptibles de présenter des troubles qui prédisposent à l’insuffisance cardiaque (comme une maladie des artères coronaires, qui endommage le muscle cardiaque) ou des troubles des valvules cardiaques. Les changements liés à l’âge dans le cœur tendent également à réduire l’efficacité du travail du cœur.
Environ 6,5 millions de personnes sont atteintes d’insuffisance cardiaque aux États-Unis et environ 960 000 nouveaux cas sont détectés chaque année. Environ 26 millions de personnes sont affectées à l’échelle mondiale. Cette maladie deviendra probablement de plus en plus fréquente, car l’espérance de vie est plus longue et, dans certains pays, certains facteurs de risque de maladies cardiaques (comme l’obésité, le diabète, le tabagisme et l’hypertension artérielle) touchent un plus grand nombre de personnes.
L’insuffisance cardiaque ne signifie pas que le cœur s’est arrêté. Elle signifie que le cœur ne peut pas effectuer le travail requis pour pomper une quantité adéquate de sang dans toutes les parties du corps (sa charge de travail). Cette définition est cependant un tant soit peu simpliste. L’insuffisance cardiaque est complexe et il n’y a pas de définition simple englobant ses multiples causes, aspects, formes et conséquences.
La fonction du cœur est de pomper le sang. Une pompe expulse un liquide d’un endroit vers un autre. Avec le cœur,
Le sang est expulsé du cœur quand le muscle cardiaque se contracte (la systole) et rentre dans le cœur quand le muscle cardiaque se dilate (la diastole). Une insuffisance cardiaque se produit quand l’action de contraction ou de dilatation du cœur est inadéquate, généralement parce que le muscle cardiaque est faible, rigide, ou les deux. Par conséquent, le sang n’est pas toujours expulsé en quantités adéquates. Le sang peut également s’accumuler dans les tissus et causer une congestion. C’est la raison pour laquelle on parle parfois d’insuffisance cardiaque congestive.
L’accumulation du sang destiné au cœur gauche entraîne une congestion pulmonaire qui rend la respiration difficile. La stagnation du sang destiné au cœur droit provoque une congestion avec accumulation de liquide dans d’autres parties du corps, au niveau des jambes et du foie par exemple. L’insuffisance cardiaque touche généralement les deux côtés du cœur dans une certaine mesure. Cependant, un côté peut être plus touché que l’autre par la maladie. Dans ce cas, l’insuffisance cardiaque peut être décrite comme une insuffisance cardiaque droite ou une insuffisance cardiaque gauche.
Dans l’insuffisance cardiaque, le cœur risque de ne pas pomper suffisamment de sang pour satisfaire les besoins de l’organisme en substances nutritives et en oxygène, qui sont transportés par le sang. Les muscles des bras et des jambes se fatiguent donc plus rapidement et les reins peuvent ne pas fonctionner normalement. Les reins filtrent le liquide et les déchets du sang dans l’urine, mais, quand le cœur ne pompe pas correctement, les reins fonctionnement mal et ne peuvent pas éliminer l’excès de liquide du sang. Par conséquent, la quantité de liquide présente dans le sang augmente, et la charge de travail du cœur défaillant augmente, créant un cercle vicieux. L’insuffisance cardiaque s’aggrave donc.
Types d’insuffisance cardiaque
Les différents types d’insuffisance cardiaque sont classés selon la fraction d’éjection (FE), qui est la proportion de sang éjectée du cœur à chaque battement ; elle mesure l’efficacité de pompage du cœur. Un ventricule gauche normal éjecte environ 55 à 60 % du sang qu’il contient.
Dans l’insuffisance cardiaque avec réduction de la fraction d’éjection (ICrFE, parfois appelée insuffisance cardiaque systolique) :
Dans l’insuffisance cardiaque avec préservation de la fraction d’éjection (ICpFE, parfois appelée insuffisance cardiaque diastolique) :
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Le cœur est rigide et ne se dilate pas normalement après sa contraction, ce qui nuit à sa capacité à se remplir de sang. Le cœur se contracte normalement, par conséquent il est capable d’éjecter une proportion normale de sang hors des ventricules, mais la quantité totale éjectée lors de chaque contraction peut être inférieure. Parfois, le cœur rigide compense son mauvais remplissage en éjectant encore plus de sang que d’habitude. Toutefois, à terme, comme c’est le cas dans l’insuffisance cardiaque systolique, le sang qui retourne vers le cœur s’accumule dans les poumons ou les veines.
L’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection moyenne (ICFEM) est un concept plus récent qui concerne les personnes dont la fraction d’éjection se situe entre préservée et réduite.
Heart Failure: Pumping and Filling Problems
Causes
Les médecins classent souvent les causes de l’insuffisance cardiaque en :
Tous les troubles touchant directement le cœur peuvent provoquer une insuffisance cardiaque, tout comme certains troubles qui le touchent indirectement. Certains troubles provoquent rapidement une insuffisance cardiaque. D’autres troubles prennent plusieurs années pour provoquer une insuffisance cardiaque. Certains troubles provoquent une insuffisance cardiaque systolique, d’autres une insuffisance cardiaque diastolique, et certaines affections, telles que l’hypertension artérielle et certaines maladies des valvules cardiaques, peuvent provoquer les deux types de dysfonction.
Causes cardiaques de l’insuffisance cardiaque
Les troubles cardiaques qui provoquent une insuffisance cardiaque peuvent nuire au cœur entier ou à une partie de celui-ci. Dans de nombreux cas, une combinaison de facteurs provoque une insuffisance cardiaque.
Une cause cardiaque fréquente de l’insuffisance cardiaque est :
La maladie des artères coronaires peut léser de grandes parties du muscle cardiaque, car elle réduit le flux de sang riche en oxygène vers ce muscle, qui a besoin d’oxygène pour se contracter normalement. L’obstruction d’une artère coronaire peut entraîner une crise cardiaque qui détruit une partie du muscle cardiaque. Par conséquent, cette partie ne peut plus se contracter normalement.
Les autres causes cardiaques d’insuffisance cardiaque comprennent :
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Myocardite (inflammation du muscle cardiaque)
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Certains médicaments (par exemple, certains médicaments de chimiothérapie)
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Certaines toxines (par exemple, l’alcool)
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Maladies des valvules cardiaques
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Une communication anormale entre les cavités cardiaques (par exemple, communication interventriculaire)
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Des troubles qui affectent le système de conduction électrique du cœur et provoquent un trouble du rythme cardiaque
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Certaines anomalies génétiques
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Des troubles qui rigidifient le cœur
Une myocardite (inflammation du cœur), provoquée par une infection bactérienne, virale ou autre, peut endommager partiellement ou totalement le muscle cardiaque et réduire sa capacité de pompage.
Certains médicaments utilisés pour traiter le cancer et certaines toxines (comme l’alcool) peuvent également endommager le muscle cardiaque.
Les maladies des valvules cardiaques—rétrécissement (sténose) d’une valvule, qui obstrue le flux sanguin à travers le cœur, ou le reflux de sang (régurgitation) à travers une valvule—peuvent provoquer une insuffisance cardiaque. La sténose et la régurgitation d’une valvule peuvent soumettre le cœur à un stress intense et, progressivement, le cœur se dilate et ne peut pas pomper adéquatement.
Une communication anormale (par exemple, communication interventriculaire) entre les cavités cardiaques peut permettre au sang de recirculer dans le cœur, ce qui augmente la charge de travail du cœur et provoque ainsi une insuffisance cardiaque.
Les troubles qui affectent le système de conduction électrique du cœur (voir la figure Tracé de la voie électrique du cœur) et entraînent des modifications prolongées du rythme cardiaque (en particulier si ce dernier est rapide et irrégulier) peuvent provoquer une insuffisance cardiaque. Quand le rythme cardiaque est anormal, le cœur ne peut pas pomper efficacement le sang.
Certaines anomalies génétiques peuvent affecter le cœur et provoquer une insuffisance cardiaque. Par exemple, la dystrophie musculaire de Duchenne provoque une faiblesse du muscle cardiaque (ainsi que de nombreux autres muscles). Le syndrome de Down peut provoquer des malformations congénitales du cœur.
L’insuffisance cardiaque peut être causée par des troubles qui entraînent une rigidification des parois du cœur, comme des infiltrations et des infections. Dans l’amylose par exemple, l’amyloïde, une protéine anormale, passe (s’infiltre) dans de nombreux tissus de l’organisme. Si l’amyloïde infiltre les parois cardiaques, elles deviennent rigides, ce qui provoque une insuffisance cardiaque. Dans les régions tropicales, l’infiltration du muscle cardiaque par certains parasites (comme dans la maladie de Chagas) peut induire une insuffisance cardiaque, même chez les jeunes.
Dans une péricardite constrictive, le sac qui enveloppe le cœur (le péricarde) devient rigide, ce qui empêche même un cœur en bonne santé de se remplir et de pomper le sang normalement.
Causes non cardiaques de l’insuffisance cardiaque
La cause non cardiaque la plus fréquente de l’insuffisance cardiaque est :
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Hypertension artérielle traitée de façon inadéquate
Elle soumet le cœur à un état de stress, l’obligeant à pomper le sang avec plus de force que d’habitude pour l’éjecter dans les artères contre une pression plus élevée. À terme, les parois cardiaques s’épaississent (hypertrophie) et/ou deviennent rigides. Le cœur rigide ne se remplit pas rapidement ni correctement, et à chaque contraction, il pompe moins de sang que d’habitude. Le diabète et l’obésité provoquent également des modifications qui rigidifient les parois des ventricules.
Avec l’âge, les parois cardiaques ont également tendance à devenir rigides. L’association d’une hypertension artérielle, de l’obésité et d’un diabète, fréquente chez les personnes âgées et la rigidité due à l’âge rendent l’insuffisance cardiaque particulièrement fréquente chez les personnes âgées.
Les causes non cardiaques moins fréquentes d’insuffisance cardiaque comprennent :
Certaines maladies pulmonaires, comme l’hypertension pulmonaire, peuvent altérer ou endommager les vaisseaux sanguins des poumons (artères pulmonaires). Par conséquent, le cœur droit doit travailler davantage pour pomper le sang dans les poumons. La personne peut alors développer un cœur pulmonaire, dans lequel le ventricule droit est dilaté et une insuffisance du cœur droit est présente.
L’obstruction sévère soudaine d’une artère pulmonaire par un ou plusieurs caillots sanguins (embolie pulmonaire) rend également le pompage du sang dans les artères pulmonaires difficile et peut provoquer une insuffisance cardiaque du cœur droit.
L’anémie est une carence sévère en globules rouges (numération sanguine faible). Les globules rouges transportent l’oxygène des poumons jusqu’aux tissus. L’anémie réduit la quantité d’oxygène transportée par le sang, par conséquent la charge de travail cardiaque doit augmenter pour fournir la même quantité d’oxygène aux tissus.
Une hyperactivité de la thyroïde (hyperthyroïdie) stimule excessivement le cœur qui pompe alors le sang trop rapidement et ne se vide pas complètement à chaque battement. Lorsque l’activité de la thyroïde est insuffisante (hypothyroïdie), tous les muscles, dont le cœur, s’affaiblissent car les muscles dépendent des hormones thyroïdiennes pour fonctionner normalement.
L’insuffisance rénale fatigue le cœur qui doit pomper un plus grand volume de sang, car les reins ne parviennent pas à éliminer l’excès de liquide de la circulation sanguine. À terme, le cœur ne peut pas maintenir ce rythme, ce qui provoque une insuffisance cardiaque.
Certains médicaments, comme des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens, peuvent causer une accumulation de liquide dans le corps, augmentant ainsi la charge de travail cardiaque et précipitant une insuffisance cardiaque.
Mécanismes de compensation
Plusieurs mécanismes permettent à l’organisme de compenser une insuffisance cardiaque.
Réponses hormonales
La première réponse de l’organisme au stress, y compris celui dû à une insuffisance cardiaque, consiste à libérer des hormones dites « de lutte ou de fuite », l’ épinéphrine (adrénaline) et la norépinéphrine (noradrénaline). Ces hormones peuvent par exemple être libérées immédiatement quand le cœur a été endommagé par un infarctus du myocarde. L’épinéphrine et la norépinéphrine forcent le cœur à pomper plus rapidement et plus vigoureusement. Elles permettent au cœur d’augmenter la quantité de sang qu’il pompe (débit cardiaque), parfois jusqu’à un niveau normal, et compensent ainsi initialement la capacité de pompage diminuée du cœur.
Les personnes qui ne souffrent pas de maladie cardiaque bénéficient généralement de la libération de ces hormones quand une plus grande charge de travail est requise temporairement du cœur. Cependant, en cas d’insuffisance cardiaque chronique, cette réponse soutenue force un cœur déjà endommagé à travailler encore plus. Avec le temps, le cœur cesse également de répondre aux hormones, et ces demandes accrues augmentent la détérioration de la fonction cardiaque.
Réponses rénales
Un autre mécanisme principal de compensation d’un flux sanguin diminué dans l’insuffisance cardiaque est l’augmentation de la quantité de sodium et d’eau retenue par les reins. La rétention du sodium et de l’eau au lieu de leur excrétion dans l’urine augmente la volémie et permet de stabiliser la pression artérielle. Toutefois, le volume du sang accru distend également le muscle cardiaque et en dilate les cavités, en particulier les ventricules. Initialement, plus le muscle cardiaque est distendu, plus vigoureusement il se contracte, ce qui améliore la fonction cardiaque. Mais, après un certain degré d’extension, son effet positif disparaît et elle affaiblit les contractions cardiaques (comme quand une bande élastique est trop tirée). Une insuffisance cardiaque s’ensuit. En outre, la rétention de sel et d’eau augmente la congestion liquidienne dans les organes, tels que les poumons, conduisant à une aggravation des symptômes d’insuffisance cardiaque.
Hypertrophie du cœur
Un autre mécanisme de compensation important est l’augmentation du volume des parois musculaires des ventricules (hypertrophie ventriculaire). Lorsque le cœur doit augmenter sa charge de travail, ses parois se dilatent et s’épaississent, comme les biceps après un entraînement musculaire de plusieurs mois. Au début, la dilatation permet au cœur de maintenir la quantité de sang qu’il éjecte (débit cardiaque). Cependant, le cœur hypertrophié et/ou épaissi finit par devenir rigide, ce qui provoque ou aggrave l’insuffisance cardiaque. De plus, l’hypertrophie peut étirer l’ouverture des valves cardiaques, ce qui entraîne leur dysfonctionnement, et donc davantage de problèmes de pompage.
Symptômes
Les symptômes d’une insuffisance cardiaque peuvent se manifester soudainement, notamment quand elle est provoquée par un infarctus du myocarde. Toutefois, la plupart des personnes ne présentent aucun symptôme quand leur cœur commence à leur causer des problèmes. Les symptômes se développent alors progressivement sur plusieurs jours ou plusieurs mois ou plusieurs années. L’insuffisance cardiaque peut rester stable quelque temps mais progresse souvent lentement et de façon insidieuse.
Certains symptômes fréquents sont :
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Fatigue
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Accumulation de liquide (œdème) dans les jambes
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Incapacité à faire des exercices physiques ou à pratiquer d’autres activités qui nécessitent un effort
Chez les personnes âgées, l’insuffisance cardiaque cause parfois des symptômes vagaux, comme la somnolence, la confusion et la désorientation.
Les médecins classent généralement la sévérité de l’insuffisance cardiaque en fonction de la capacité d’une personne à effectuer ses activités quotidiennes. La classification de la New York Heart Association (NYHA) est un outil important qui permet aux patients et à leurs soignants de comprendre la sévérité de la maladie et son impact sur leur vie.
Classification of Heart Failure*
L’insuffisance cardiaque droite et l’insuffisance cardiaque gauche produisent des symptômes différents. Bien que les deux types d’insuffisance cardiaque puissent co-exister, les symptômes de décompensation d’un côté prédominent souvent. Avec le temps, une insuffisance cardiaque gauche entraîne une insuffisance cardiaque droite.
Symptômes de l’insuffisance cardiaque droite
Les principaux symptômes de l’insuffisance cardiaque droite sont une accumulation de liquide qui entraîne un gonflement (œdème) des pieds, des chevilles, des jambes, du bas du dos, du foie et de l’abdomen. La partie du corps où le liquide s’accumule dépend de la quantité d’excès de liquide et des effets de gravité. Quand la personne se tient debout, le liquide s’accumule dans les jambes et les pieds. Si elle est couchée, il s’accumule généralement dans le bas du dos. Si la quantité de liquide est importante, il s’accumule également dans l’abdomen. L’accumulation de liquide dans le foie ou dans l’estomac peut provoquer des nausées, un ballonnement et une perte d’appétit. Une insuffisance cardiaque droite sévère peut induire une perte de poids et de masse musculaire. Cette affection appelée cachexie cardiaque.
Symptômes de l’insuffisance cardiaque gauche
Une insuffisance cardiaque gauche entraîne une accumulation de liquide dans les poumons, ce qui provoque un essoufflement. Initialement, la dyspnée ne survient qu’à l’effort, mais avec la progression de l’insuffisance cardiaque, elle se manifeste pour des efforts toujours moins importants et finit par être présente au repos. Les personnes atteintes d’une insuffisance cardiaque gauche sévère peuvent présenter un essoufflement en position couchée (une affection appelée orthopnée), car la gravité déplace davantage de liquide vers les poumons. Ces personnes se réveillent souvent en haletant ou avec une respiration sifflante (une affection appelée dyspnée paroxystique nocturne). La position assise permet l’écoulement d’une partie du liquide dans la partie inférieure des poumons et facilite la respiration. Les patients souffrant d’insuffisance cardiaque gauche ressentent une fatigue et une faiblesse pendant l’activité physique car leurs muscles ne sont pas suffisamment irrigués par le sang.
Symptômes de l’insuffisance cardiaque sévère
Quand l’insuffisance cardiaque est à un stade avancé, elle peut provoquer une respiration de Cheyne-Stokes (respiration périodique). Dans ce type inhabituel de respiration, la personne ne respire pas pendant quelques secondes, puis commence à respirer progressivement de manière plus rapide et profonde, puis plus lente et plus superficiellement jusqu’à ce qu’elle arrête à nouveau brièvement de respirer et répète le cycle sans cesse. La respiration de Cheyne-Stokes est due à une réduction du flux sanguin vers le cerveau, ce qui rend insuffisant l’approvisionnement en oxygène des parties du cerveau qui contrôlent la respiration. La respiration de Cheyne-Stokes est considérée comme une forme d’apnée centrale du sommeil.
L’apnée obstructive du sommeil (dans laquelle l’obstruction des voies aériennes interrompt le sommeil, entraînant une somnolence diurne) est un trouble respiratoire différent et plus fréquent qui peut survenir chez les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque. Une apnée obstructive du sommeil sévère peut aggraver l’insuffisance cardiaque.
L’œdème pulmonaire aigu est une accumulation soudaine d’une grande quantité de liquide dans les poumons. Elle provoque de graves difficultés respiratoires, une respiration rapide, une peau bleuâtre, ainsi qu’une sensation de nervosité, de l’anxiété et une suffocation. Certaines personnes souffrent de spasmes sévères des voies respiratoires (bronchospasmes) et de respiration sifflante. L’œdème pulmonaire aigu est une urgence potentiellement mortelle, qui peut survenir lorsque les personnes atteintes d’insuffisance cardiaque ont une tension artérielle très élevée, font une crise cardiaque ou parfois seulement arrêtent de prendre leurs médicaments traitant l’insuffisance cardiaque ou mangent des aliments salés.
Des caillots sanguins peuvent se former dans les cavités cardiaques lorsque le cœur est gravement endommagé. Des caillots sanguins peuvent se former car le flux sanguin dans les cavités est très ralenti. Ces caillots peuvent se détacher (devenant des emboles), circuler dans les vaisseaux et obstruer partiellement ou complètement une artère ailleurs dans l’organisme. Si un caillot obstrue une artère menant au cerveau, un accident vasculaire cérébral peut se produire.
La dépression et le déclin de la fonction mentale sont fréquents chez les personnes atteintes d’insuffisance cardiaque sévère, notamment chez les personnes âgées, et requièrent une évaluation et un traitement approfondis.
Diagnostic
Les symptômes seuls permettent généralement aux médecins de suspecter une insuffisance cardiaque. Le diagnostic est confirmé par les résultats d’un examen clinique indiquant un pouls faible et souvent rapide, une baisse de la pression artérielle, des bruits cardiaques et des souffles anormaux et une accumulation de liquide dans les poumons, entendus au stéthoscope, une hypertrophie du cœur, un gonflement des veines du cou, une hypertrophie du foie et un œdème de l’abdomen ou des membres inférieurs.
Des examens sont généralement effectués pour évaluer la fonction cardiaque. Des examens sont également nécessaires pour identifier la cause de l’insuffisance cardiaque.
Radiographie du thorax
Électrocardiographie
Un électrocardiogramme (ECG) est presque toujours réalisé pour déterminer si le rythme cardiaque est normal, si les parois des ventricules sont épaissies et si la personne a fait une crise cardiaque.
Échocardiographie
L’échocardiographie, qui utilise des ondes sonores pour produire une image du cœur, est l’une des meilleures procédures pour évaluer la fonction cardiaque, notamment la capacité de pompage du cœur et le fonctionnement des valvules cardiaques. L’échocardiographie peut indiquer :
L’échographie peut déterminer l’origine systolique ou diastolique d’une insuffisance cardiaque en permettant aux médecins d’estimer l’épaisseur et la rigidité des parois cardiaques et la fraction d’éjection. La fraction d’éjection, un important indicateur de la fonction cardiaque, est la proportion de sang éjectée du cœur à chaque battement. Un ventricule gauche normal éjecte environ 55 à 60 % du sang qu’il contient. Si la fraction d’éjection est faible (moins de 40 %), une insuffisance cardiaque systolique est confirmée. Si la fraction d’éjection est normale ou élevée chez une personne qui présente des symptômes d’insuffisance cardiaque, une insuffisance cardiaque diastolique est probable.
Analyses de sang
Des analyses de sang sont presque toujours réalisées. Les médecins mesurent fréquemment les taux de peptides natriurétiques (PN). Les PN sont des substances qui s’accumulent dans le sang en cas d’insuffisance cardiaque, mais pas en présence d’autres troubles causant un essoufflement. D’autres analyses de sang peuvent être réalisées pour rechercher des troubles susceptibles de causer une insuffisance cardiaque.
Autres tests
On peut pratiquer d’autres examens pour identifier la présence ou la cause de l’insuffisance cardiaque, notamment une scintigraphie, une imagerie par résonance magnétique (IRM), une tomodensitométrie, un cathétérisme cardiaque avec angiographie et une épreuve d’effort.
Dans de rares cas, une biopsie du muscle cardiaque s’avère nécessaire, généralement lorsque les médecins suspectent une infiltration du cœur (comme cela se produit en cas d’amylose) ou une myocardite due à une infection bactérienne, virale ou à d’autres infections.
Prévention
Traitement
Le traitement de l’insuffisance cardiaque nécessite plusieurs mesures générales, de pair avec le traitement du trouble causant l’insuffisance cardiaque, des modifications du mode de vie, et des médicaments pour traiter l’insuffisance cardiaque.
Consignes générales
Bien que l’insuffisance cardiaque soit une maladie chronique chez la plupart des personnes, de nombreuses mesures peuvent rendre l’activité physique plus confortable, améliorer la qualité de vie, minimiser le risque d’aggravation soudaine (insuffisance cardiaque aiguë) et prolonger la vie. Les personnes affectées et leur famille devraient obtenir un maximum d’informations au sujet de l’insuffisance cardiaque car une grande partie des soins sont fournis à domicile. Ils devraient notamment savoir comment reconnaître les symptômes précurseurs d’une insuffisance cardiaque en aggravation et être au courant des mesures à prendre (par exemple, réduire la consommation de sodium, prendre une dose supplémentaire de diurétique, ou contacter leur médecin).
Une communication régulière avec les prestataires de soins de santé et des consultations médicales sont essentielles car l’insuffisance cardiaque peut s’aggraver subitement. Le personnel infirmier, par exemple, peut appeler régulièrement les patients insuffisants cardiaques pour leur demander si leur poids et leurs symptômes ont varié. Elles peuvent ainsi déterminer si une consultation avec un médecin s’impose.
Les personnes peuvent également se rendre dans des cliniques spécialisées dans l’insuffisance cardiaque. Les médecins de ces cliniques sont des experts en insuffisance cardiaque qui travaillent étroitement avec des infirmier(ière)s spécialement formé(e)s ainsi que d’autres prestataires de soins de santé comme des pharmaciens, des diététiciens, et des travailleurs sociaux, pour soigner les patients insuffisants cardiaques en leur apprenant, ainsi qu’à leurs soignants, à autogérer leur santé. Ces cliniques peuvent également réduire leurs symptômes et leurs hospitalisations, et améliorer leur espérance de vie en s’assurant qu’ils reçoivent les traitements les plus efficaces et en leur montrant comment participer pleinement à leurs soins. Ces soins complètent sans remplacer les soins prodigués par les médecins de soins primaires.
Les insuffisants cardiaques doivent toujours consulter leur médecin avant de prendre un nouveau médicament, même un médicament en vente libre. Certains médicaments (dont de nombreux médicaments utilisés pour traiter l’arthrite) peuvent causer une rétention de sodium et d’eau. D’autres médicaments peuvent ralentir la fonction cardiaque. Oublier de prendre les médicaments prescrits est une cause fréquente d’aggravation des symptômes, et il est important de suggérer aux patients des façons de se rappeler de prendre leurs médicaments.
Comme la grippe peut causer une aggravation soudaine de l’insuffisance cardiaque, les médecins recommandent une vaccination contre la grippe annuelle aux insuffisants cardiaques.
Traitement de la cause
Si la cause de l’insuffisance cardiaque est une valvule rétrécie ou fuyante, ou encore une communication anormale entre les cavités cardiaques, une intervention chirurgicale peut souvent corriger le problème. L’obstruction d’une artère coronaire peut nécessiter un traitement par des médicaments, une intervention chirurgicale ou une angioplastie avec un stent coronarien. Les médicaments antihypertenseurs peuvent réduire et contrôler une hypertension. Les antibiotiques peuvent éliminer certaines infections.
Modifications du mode de vie
Certaines modifications du mode de vie peuvent aider les insuffisants cardiaques à se sentir mieux et à mieux fonctionner.
Les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque doivent rester dans la meilleure forme physique possible, même si elles ne peuvent pas faire d’efforts vigoureux. Les personnes souffrant d’une insuffisance cardiaque modérée doivent suivre un programme d’exercices établi par un médecin. En cas d’insuffisance cardiaque plus sévère, une activité physique dans un centre de rééducation cardiovasculaire sous la surveillance d’un médecin expérimenté peut s’avérer nécessaire.
Chez les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque et de surpoids, la charge de travail du cœur augmente pendant l’exercice physique, aggravant l’insuffisance cardiaque. Ces personnes doivent suivre un régime amaigrissant sain afin d’atteindre et de maintenir un poids idéal.
Le tabagisme endommage les vaisseaux sanguins. De grandes quantités d’alcool peuvent agir comme une toxine directe pour le cœur. Il est donc indispensable de cesser de boire et de fumer pour ne pas aggraver l’insuffisance cardiaque.
Un régime alimentaire riche en sel (sodium) peut provoquer une rétention hydrique, contrariant l’action des médicaments administrés pour augmenter l’excrétion d’eau (comme les diurétiques) et réduire l’accumulation de liquide. C’est pourquoi une consommation excessive de sel aggrave les symptômes. Presque tous les insuffisants cardiaques doivent limiter leur consommation d’aliments salés, ainsi que l’utilisation de sel dans la préparation de leurs aliments et à table. Le contenu en sodium des aliments préemballés est précisé sur les étiquettes. Les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque sévère sont généralement bien informées des façons de limiter leur consommation de sel. Les instructions d’un diététicien peuvent être utiles. Les personnes qui limitent leur consommation de sel peuvent généralement boire une quantité normale d’eau, sauf en cas de rétention hydrique sévère. L’ingestion de quantités supplémentaires d’eau est déconseillée.
Une méthode simple et fiable pour vérifier que l’organisme ne retient pas les liquides est de contrôler quotidiennement son poids. Les médecins demandent souvent aux insuffisants cardiaques de se peser tous les jours le plus précisément possible, en général une fois au réveil, après avoir uriné et avant le petit-déjeuner. La tendance est plus facile à déterminer si les patients se pèsent tous les jours à la même heure, utilisent la même balance, portent les mêmes types de vêtements et notent leur poids quotidien. Une augmentation de plus de 1 kilogramme environ par jour est un signe précurseur de rétention hydrique. Une prise de poids constante et rapide (1 kg par jour par exemple) indique une aggravation de l’insuffisance cardiaque.
De nombreux patients qui limitent leur consommation de sel souffrent malgré tout d’œdèmes. En position assise, les jambes enflées doivent être maintenues surélevées sur une chaise. Cette position aide l’organisme à résorber et à éliminer l’excès de liquide. Certaines personnes doivent également porter des bas de contention de pleine longueur permettant d’éviter l’accumulation de liquide. En cas d’accumulation de liquide dans les poumons, le sommeil peut être amélioré en utilisant plusieurs oreillers ou en relevant la tête du lit.
Médicaments pour l’insuffisance cardiaque
Le traitement médicamenteux de l’insuffisance cardiaque implique :
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Des médicaments pour soulager les symptômes : diurétiques, nitrates ou digoxine
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Des médicaments pour contribuer à prolonger la survie : inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA), bêtabloquants, antagonistes de l’aldostérone, antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA), inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine/de la néprilysine (ARNI), inhibiteurs du cotransporteur sodium-glucose de type 2, inhibiteurs du nœud sinusal
Pour obtenir des détails sur les substances et classes spécifiques, voir Traitement pharmacologique de l’insuffisance cardiaque.
Le type de médicament utilisé dépend du type d’insuffisance cardiaque. Dans l’insuffisance cardiaque systolique (ICrFE), toutes les classes de médicaments sont utiles. Dans l’insuffisance cardiaque diastolique (ICpFE), seuls les inhibiteurs de l’ECA, les ARA, les antagonistes de l’aldostérone et les bêta-bloquants sont généralement utilisés. Dans l’ICFEM, les ARNI peuvent être utiles.
Il est important que les personnes prennent leurs médicaments régulièrement et veillent à ce que l’ordonnance ne soit pas périmée.
Autres mesures
Les personnes atteintes d’œdème pulmonaire ont besoin d’oxygène, souvent administré par un masque spécial. Un tube est parfois introduit dans la trachée pour permettre à un ventilateur mécanique de faciliter le travail accru de respiration.
Parfois, les médecins implantent un petit dispositif de surveillance dans le thorax des personnes atteintes d’insuffisance cardiaque sévère. Le moniteur mesure en continu la pression dans leurs poumons, ce qui peut aider leur médecin à réaliser des ajustements de leurs médicaments. Le dispositif est particulièrement utile chez les personnes présentant des épisodes récurrents d’insuffisance cardiaque et une insuffisance rénale concomitante.
La greffe de cœur peut être une option pour les personnes atteintes d’insuffisance cardiaque très grave et s’aggravant, et qui ne répondent pas au traitement pharmacologique. Des dispositifs d’assistance mécanique facilitant le pompage du sang sont utilisés chez certaines personnes atteintes d’insuffisance cardiaque très grave qui ne répondent pas au traitement pharmacologique. D’autres traitements mécaniques novateurs sont étudiés.
Les troubles du rythme cardiaque peuvent parfois être soulagés par des médicaments, mais un stimulateur cardiaque est nécessaire pour certaines personnes. Des stimulateurs cardiaques spéciaux à trois fils peuvent rétablir la séquence normale des contractions des cavités cardiaques (thérapie de resynchronisation cardiaque) et améliorer les résultats pour certains insuffisants cardiaques. Les médecins peuvent envisager la mise en place d’un défibrillateur cardioverteur implantable pour les patients dont la fonction cardiaque est très limitée car leur risque de mort subite est accru.
Si l’insuffisance cardiaque est provoquée par un problème au niveau d’une valve cardiaque, les médecins peuvent réparer ou remplacer la valve en question.
Traitement de l’insuffisance cardiaque aiguë
Une insuffisance cardiaque qui se développe ou s’aggrave rapidement requiert un traitement d’urgence à l’hôpital.
En cas d’œdème aigu du poumon (accumulation rapide de liquide dans les poumons), de l’oxygène est administré à l’aide d’un masque facial. Les diurétiques par voie intraveineuse et d’autres médicaments, comme la nitroglycérine, administrés par voie intraveineuse ou sous la langue, peuvent produire une amélioration rapide et dramatique. La morphine atténue l’anxiété qui accompagne habituellement l’œdème pulmonaire aigu, mais elle diminue également la fréquence respiratoire et n’est plus utilisée aussi souvent. Si ces mesures n’améliorent pas adéquatement la respiration, un masque spécial qui fournit de l’oxygène à des pressions contrôlées peut être utilisé, sinon un tube peut être introduit dans la trachée du patient pour permettre à un ventilateur mécanique d’assister la respiration.
En cas de symptômes graves chez les personnes répondant mal aux traitements, des médicaments semblables à l’ épinéphrine et à la norépinéphrine (comme la dopamine ou la dobutamine) ou qui renforcent la contraction du muscle cardiaque (comme la milrinone) sont parfois administrés pendant une brève période afin de stimuler la fonction de pompage du cœur. Ces médicaments ne sont pas utiles pour un traitement à long terme.
Problèmes de la phase terminale
L’espérance de vie dépend de nombreux facteurs, notamment de la sévérité de l’insuffisance cardiaque, de la possibilité d’en corriger la cause, ainsi que le traitement utilisé. Cependant, une fois que les personnes ont dû être hospitalisées pour une insuffisance cardiaque, seulement 1 sur 3 vivra encore 5 ans. Environ la moitié des personnes souffrant d’une insuffisance cardiaque sévère vivent au moins 2 ans. L’espérance de vie s’améliore avec le traitement.
À terme, la qualité de vie d’une personne atteinte d’insuffisance cardiaque depuis longtemps se détériore et les possibilités de traitement ultérieur peuvent s’avérer limitées, surtout pour une personne âgée pour qui une greffe du cœur n’est peut-être pas réalisable. Le maintien de la qualité de vie devient alors plus important que sa prolongation. Le patient et sa famille doivent être impliqués dans ces décisions. En fait, de nombreuses études indiquent que les patients atteints d’insuffisance cardiaque sévère et leurs familles souhaitent en parler sans que cela cause une détresse excessive. On peut faire beaucoup en dispensant des soins empathiques, en soulageant les symptômes, et en préservant la dignité du patient ({blank} Introduction au chapitre Mort et mourir).
L’insuffisance cardiaque peut provoquer une mort subite et inattendue, sans aggravation des symptômes. On recommande donc aux insuffisants cardiaques, si possible, d’établir des directives préalables concernant le type de soins qu’ils désirent recevoir s’ils n’étaient plus en mesure de prendre de telles décisions. Il est important qu’elles les rédigent ou les mettent à jour si elles le souhaitent.