Présentation des luxations

ParDanielle Campagne, MD, University of California, San Francisco
Vérifié/Révisé janv. 2023
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On parle de luxation lorsque les os qui forment une articulation sont totalement séparés. En cas de subluxation, les os de l’articulation sont partiellement déplacés. Le plus souvent, une articulation luxée demeure luxée jusqu’à ce qu’elle soit remise en place (réduction) par un médecin, mais il peut arriver qu’elle se remette en place spontanément.

  • La plupart des luxations sont dues à des lésions aiguës ou à une sollicitation excessive.

  • La partie luxée est douloureuse (tout spécialement lorsqu’elle est sollicitée), est généralement enflée et peut présenter une ecchymose ou paraître déformée, tordue ou déplacée.

  • D’autres lésions, telles que les fractures, les atteintes des vaisseaux sanguins et des nerfs, le syndrome des loges, les infections et les problèmes articulaires durables, peuvent également être présentes ou se développer.

  • Les médecins peuvent parfois diagnostiquer les luxations en se basant sur les symptômes, les circonstances causant la lésion, ainsi que les résultats d’un examen clinique, mais il est parfois nécessaire de réaliser des radiographies ou d’autres examens d’imagerie.

  • Le traitement consiste à remettre les os en place (réduction), généralement par manipulation, puis à les immobiliser. Cependant, une chirurgie est parfois nécessaire.

  • La majorité des luxations n’entraînent aucun problème à long terme, mais certaines peuvent fragiliser ou provoquer une rupture des ligaments ou des tendons qui stabilisent l’articulation.

  • L’articulation peut se raidir et les muscles peuvent s’atrophier ou s’affaiblir lorsque l’articulation est immobilisée.

Les articulations font partie du système musculosquelettique, qui se compose des os, des muscles et des tissus qui les relient (ligaments, tendons et autres tissus conjonctifs, ce que l’on appelle tissus mous). Le système musculosquelettique donne au corps son allure, le stabilise et lui permet de bouger.

En cas de luxation, les os qui forment une articulation sont totalement séparés. En cas de subluxation, les os sont seulement partiellement déplacés, et non séparés. Les luxations peuvent être accompagnées d’autres lésions des tissus du système musculosquelettique, notamment :

  • Fractures : Les os peuvent être fissurés ou cassés. Généralement, les tissus autour des os fracturés sont également touchés.

  • Entorses : Les ligaments (qui attachent les os entre eux) peuvent être déchirés.

  • Déchirures : Les muscles peuvent être déchirés.

  • Ruptures des tendons : Les tendons (qui attachent un muscle à un os) peuvent être déchirés.

La sévérité des luxations, fractures, entorses et déchirures (lésions musculosquelettiques) varie significativement, tout comme le traitement nécessaire.

Une luxation peut être ouverte (la peau est déchirée) ou fermée (la peau n’est pas déchirée).

Les luxations touchent le plus souvent les membres, mais elles peuvent survenir dans d’autres parties du corps, telles que la mâchoire, le cou ou la colonne vertébrale.

Le pronostic et le traitement des luxations varient grandement selon l’emplacement et la gravité de la luxation.

Causes des luxations

Un traumatisme est la cause la plus fréquente de luxations et d’autres lésions musculosquelettiques. Les traumatismes incluent :

  • Une force directe, comme en cas de chutes ou d’accidents de la route

  • Une usure répétée, comme c’est le cas avec les activités quotidiennes ou à cause de vibrations ou de secousses

  • Un abus, comme c’est le cas avec l’entraînement intensif des athlètes

La gravité d’une luxation dépend en partie du type et de la force du traumatisme l’ayant causée.

Certaines luxations surviennent en pratiquant certains sports (voir Lésions sportives).

Certaines pathologies favorisent les luxations. Par exemple, c’est le cas du syndrome d’Ehlers-Danlos, une maladie héréditaire du tissu conjonctif rare qui entraîne une hypermobilité des articulations. Les personnes atteintes de ce syndrome sont sujettes aux luxations et aux entorses.

Symptômes des luxations

En cas de luxations, le déplacement des os peut être évident. L’articulation peut sembler difforme ou tordue. Un os peut être anormalement saillant et exercer une pression sur la peau, qui se tend.

Les luxations entraînent les symptômes suivants :

  • Douleur

  • Gonflement

  • Incapacité à utiliser la partie affectée normalement

  • Ecchymose ou coloration

  • Éventuellement, perte de sensation (engourdissement ou sensations anormales)

La zone de la luxation fait mal, tout spécialement lorsque les personnes essaient de s’appuyer sur la partie lésée ou de l’utiliser. Elle est sensible au toucher.

Le plus souvent, le membre touché (tel que le bras, la jambe, la main, le doigt ou l’orteil) ne peut pas être mobilisé normalement.

Des ecchymoses peuvent apparaître autour de l’articulation luxée. Elles apparaissent lorsqu’un saignement survient sous la peau. Au début, la couleur d’une ecchymose est pourpre noirâtre, puis elle vire lentement au vert et au jaune sur plusieurs jours, à mesure que le sang est métabolisé et résorbé par l’organisme.

Comme le mouvement de la partie affectée est très douloureux, certaines personnes ne souhaitent pas ou ne peuvent pas la mobiliser. Si les personnes (telles que les jeunes enfants ou les personnes plus âgées) ne peuvent pas parler, le refus de bouger une partie du corps peut constituer l’unique signe d’une luxation.

Complications des luxations

Les luxations peuvent être accompagnées de, ou conduire à, d’autres problèmes (complications). Néanmoins, les complications graves sont inhabituelles. Le risque de complications graves est accru si la peau est déchirée ou si des vaisseaux sanguins ou des nerfs sont atteints. Les articulations luxées, sauf si elles sont réalignées rapidement, sont plus à même d’endommager les vaisseaux sanguins et les nerfs que les fractures.

Certaines complications (comme les atteintes des vaisseaux sanguins et des nerfs et les infections) surviennent au cours des premières heures ou des premiers jours suivant la blessure. D’autres (comme les problèmes articulaires et les problèmes de guérison) se développent dans le temps.

Fractures

La blessure ayant provoqué une luxation peut également avoir causé une fracture. Dans de rares cas, les fractures entraînent un gonflement des muscles touchés, à tel point que ceux-ci bloquent ou limitent la circulation sanguine dans le membre lésé. Si la circulation n’est pas rétablie, le membre se refroidit et devient bleu, et les tissus se dégradent et meurent. Ce trouble est appelé syndrome des loges.

Lésions des vaisseaux sanguins

Une hanche ou un genou luxé(e) peut perturber le flux sanguin alimentant la jambe. Ainsi, les tissus de la jambe peuvent ne pas recevoir suffisamment de sang (ce que l’on appelle ischémie) et peuvent mourir (ce que l’on appelle nécrose). Les luxations de la hanche sont particulièrement susceptibles d’entraîner une nécrose, notamment si l’articulation n’est pas remise en place rapidement. En cas de luxation de la hanche, les vaisseaux sanguins qui se trouvent en haut de la cuisse (tête fémorale) s’étirent. Cela peut limiter l’afflux sanguin dans cette partie du fémur. En cas de luxation du genou, la partie inférieure de la jambe peut ne pas recevoir suffisamment de sang. Si une quantité trop importante de tissu meurt à cause d’une irrigation insuffisante de sang, l’amputation d’une partie de la jambe peut être nécessaire. Certaines blessures du coude peuvent perturber le flux sanguin alimentant l’avant-bras, causant des problèmes similaires. Un flux sanguin perturbé peut ne causer aucun symptôme avant que plusieurs heures se soient écoulées après la blessure.

Saignement

Des luxations sévères ou traumatiques peuvent léser les tissus environnants et entraîner une hémorragie interne. Un os luxé peut déchirer la peau et entraîner une hémorragie externe.

Lésion nerveuse

Parfois, les nerfs sont étirés, meurtris ou écrasés lorsqu’une articulation est luxée. Un coup direct peut meurtrir ou écraser un nerf. L’écrasement cause davantage de lésions que l’ecchymose. Ces blessures guérissent généralement spontanément en quelques semaines, mois ou années, selon la sévérité de la lésion.

Dans de rares cas, des nerfs sont déchirés. Les nerfs déchirés ne guérissent pas spontanément et peuvent devoir être réparés par chirurgie.

Certaines lésions nerveuses ne guérissent jamais totalement.

Infections

Si la peau est déchirée lorsqu’une articulation est luxée, la plaie peut s’infecter, et l’infection peut s’étendre à l’os (ostéomyélite). Une ostéomyélite est très difficile à guérir.

Problèmes articulaires

Parfois, une luxation peut abîmer le cartilage qui se trouve à l’extrémité des os de l’articulation (surfaces articulaires). Normalement, ce tissu lisse, dur et protecteur permet aux articulations de bouger librement. Le cartilage endommagé a tendance à cicatriser, causant de l’arthrose, qui raidit les articulations et limite leur amplitude de mouvement. Le genou, le coude et l’épaule peuvent tout particulièrement se raidir après une luxation, tout spécialement chez les personnes plus âgées. En outre, la blessure ayant provoqué la luxation peut fragiliser ou provoquer une rupture des tissus qui stabilisent l’articulation, tels que les ligaments et les tendons.

La kinésithérapie est généralement nécessaire pour empêcher la raideur et aider l’articulation à bouger aussi normalement que possible. La chirurgie est souvent nécessaire pour réparer le cartilage altéré. Après ce genre de chirurgie, le cartilage est moins à même de cicatriser, et si la cicatrisation a lieu, elle tend à être moins sévère. Une chirurgie est parfois nécessaire pour réparer les ligaments ou tendons déchirés.

Diagnostic des luxations

  • Examen clinique

  • Radiographies pour identifier les fractures

  • Parfois, imagerie par résonance magnétique (IRM) ou tomodensitométrie (TDM)

Si une luxation survient brutalement, les personnes doivent décider s’il faut se rendre aux urgences, appeler leur médecin ou attendre pour voir si le problème (douleur, gonflement ou autres symptômes) disparaît ou diminue spontanément.

Les personnes doivent être conduites aux urgences, souvent en ambulance, si l’un des cas suivants survient :

  • Le problème est manifestement grave (par exemple, il est dû à un accident de la route ou les personnes ne peuvent utiliser la partie du corps affectée).

  • Elles pensent avoir une luxation sévère ou une autre lésion sévère des tissus mous.

  • Elles pensent avoir une fracture (une exception possible est une lésion de l’orteil ou du bout de doigt).

  • Elles présentent plusieurs blessures.

  • Elles présentent les symptômes d’une complication : par exemple, si elles perdent la sensation de la partie du corps affectée, si elles ne peuvent pas bouger normalement la partie affectée, si la peau est froide ou devient bleue, ou si la partie affectée est affaiblie.

  • Elles ne peuvent pas s’appuyer sur la partie du corps affectée ni l’utiliser.

  • Une articulation lésée semble instable.

Les personnes doivent consulter un médecin lorsque :

  • La blessure cause une douleur ou un gonflement, mais elles ne pensent pas que la partie affectée est fracturée ou sévèrement lésée, et elles peuvent bouger l’articulation normalement.

Si aucune des situations susmentionnées ne s’applique et que la blessure semble mineure, les personnes peuvent contacter le médecin ou attendre pour voir si le problème disparaît spontanément.

Si les blessures sont dues à un accident grave, la priorité des médecins consiste à :

  • Vérifier s’il existe des lésions et complications sévères, comme une altération du flux sanguin, une perte de sang importante, une plaie ouverte, une atteinte des nerfs et un syndrome des loges, qui peut se développer lorsque l’afflux de sang vers un membre blessé est réduit ou interrompu

Si certaines de ces blessures et complications sont présentes, les médecins les traitent si nécessaire, puis poursuivent l’examen clinique.

Description de la blessure

Les médecins demandent aux personnes (ou à un témoin) de décrire ce qu’il s’est passé. Souvent, les personnes ne se rappellent pas comment la blessure s’est produite ou ne peuvent pas la décrire avec précision. Le fait de savoir comment est survenue la blessure peut aider les médecins à déterminer le type de blessure. Aussi, les médecins demandent dans quelle direction l’articulation s’est dirigée pendant la blessure.

Les médecins demandent également quand la douleur a commencé. Si elle a commencé immédiatement après la blessure, la cause peut être une luxation, une fracture ou une grosse entorse. Si la douleur est apparue des heures ou des jours après, la blessure est généralement mineure. Si la douleur est plus sévère que prévu pour la blessure, ou si la douleur s’intensifie progressivement au cours des premières heures suivant la blessure, un syndrome des loges peut s’être développé ou le flux sanguin peut être altéré.

Examen clinique

L’examen clinique inclut ce qui suit (dans l’ordre de priorité) :

  • Vérifier si les vaisseaux sanguins sont atteints près de la partie affectée

  • Vérifier si les nerfs sont atteints près de la partie affectée

  • Vérifier la présence de plaies ouvertes, d’articulations déformées, d’un gonflement, d’ecchymoses et d’une altération du mouvement de l’articulation

  • Examiner et mobiliser le membre touché

  • Examiner les articulations au-dessus et en dessous de la partie affectée

Afin de vérifier si les vaisseaux sanguins sont touchés et la circulation sanguine altérée, les médecins prennent le pouls et la température de la personne et vérifient la coloration de sa peau. Lorsque la circulation sanguine est altérée (comme dans le cas d’un syndrome des loges), le pouls finit par disparaître ou devenir très faible, et la peau devient pâle et froide. Les médecins prennent la tension artérielle, car les personnes qui ont perdu beaucoup de sang sont souvent en hypotension.

Afin de déterminer si les nerfs ont été touchés, les médecins vérifient si la personne peut mobiliser ses muscles normalement. Si la personne ne peut pas mobiliser les muscles touchés, les nerfs qui contrôlent ces muscles (nerfs moteurs) peuvent avoir été touchés. Les médecins évaluent également la sensation de la peau (voir si les sensations sont normales) et demandent si la personne a des sensations anormales, comme une sensation de picotements, de fourmillement ou un engourdissement. En cas de sensations anormales ou réduites, les nerfs responsables des sensations de la peau (nerfs sensitifs) peuvent avoir été touchés.

Les médecins palpent doucement la partie affectée afin de déterminer si les os sont déplacés et si la zone est sensible. Les médecins vérifient également la présence d’un gonflement et d’une ecchymose. Ils demandent aux personnes si elles peuvent utiliser la partie affectée, s’appuyer dessus ou la bouger.

Les médecins testent la stabilité d’une articulation en la mobilisant doucement, mais si une luxation ou une fracture est possible, des radiographies sont réalisées en premier lieu pour déterminer si l’articulation peut être bougée en toute sécurité. Les médecins recherchent des grincements ou craquements (crépitation) lorsque la partie affectée est mobilisée. Ces sons peuvent indiquer une fracture. Le fait de mobiliser l’articulation affectée peut également aider les médecins à déterminer la sévérité de la blessure.

Les médecins vérifient également l’articulation au-dessus et en dessous de l’articulation lésée.

Un test de résistance peut être réalisé pour évaluer la stabilité d’une articulation lésée. Cependant, en cas de suspicion de fracture ou de luxation, le test de résistance n’est réalisé qu’après les radiographies. Pour tester la résistance d’une articulation, les médecins mobilisent délicatement l’articulation dans une direction perpendiculaire à celle du mouvement naturel de l’articulation. Si l’articulation semble extrêmement instable, les médecins suspectent une luxation (ou une lésion ligamentaire sévère).

Si une douleur ou des spasmes musculaires interfèrent avec l’examen, les personnes peuvent recevoir un antalgique et/ou un myorelaxant par voie orale ou par voie intraveineuse, ou un anesthésique local peut être injecté dans la zone affectée. Ou bien, les médecins immobilisent l’articulation lésée jusqu’à ce que le spasme disparaisse (généralement après quelques jours), puis examinent l’articulation.

Examens

Les examens d’imagerie utilisés pour diagnostiquer les luxations et autres lésions musculosquelettiques comprennent :

Les radiographies sont utiles pour diagnostiquer les luxations et les fractures. Les radiographies ne sont pas utiles pour détecter les lésions des ligaments, des tendons ou des muscles, car elles ne montrent que les os (et le liquide qui s’accumule autour d’une articulation lésée).

Des clichés radiographiques sont généralement pris sous au moins deux angles afin de mettre en évidence l’alignement des os.

Une TDM ou une IRM peuvent être réalisées pour détecter les fractures légères qui peuvent accompagner une luxation.

D’autres examens peuvent être réalisés pour identifier toute autre lésion éventuelle associée à la luxation :

  • Angiographie (radiographies ou TDM réalisées après avoir injecté dans les artères un agent de contraste visible aux rayons X) pour vérifier si des vaisseaux sanguins sont endommagés

  • Électromyographie et/ou études de conduction nerveuse pour détecter d’éventuelles lésions au niveau des nerfs (d’ordinaire effectuées en ambulatoire)

Traitement des luxations

  • Traitement de toute complication grave

  • Traitement de la douleur

  • Protection, repos, glace, compression et élévation (PRICE)

  • Réalignement (réduction) des parties qui sont déplacées

  • Immobilisation, généralement avec une attelle ou un plâtre

  • Parfois, chirurgie

Les complications graves des luxations nécessitent un traitement immédiat. Sans traitement, les complications peuvent s’aggraver, devenir plus douloureuses et sont plus à même de faire perdre la fonction. En outre, certaines complications, comme le syndrome des loges, nécessitent des soins d’urgence. Sans traitement, ces complications peuvent causer des problèmes graves, voire le décès.

Si les personnes pensent qu’elles ont une fracture ou une autre blessure sévère, elles doivent aller aux urgences. Si elles ne peuvent pas marcher ou si elles ont plusieurs blessures, elles doivent s’y rendre en ambulance. Avant de pouvoir recevoir une aide médicale, elles doivent faire ce qui suit :

  • Empêcher le membre lésé de bouger (l’immobiliser) et le soutenir avec une attelle de fortune, une écharpe ou un oreiller

  • Élever le membre au-dessus du niveau du cœur si possible pour limiter le gonflement

  • Appliquer de la glace (enveloppée dans une serviette ou un linge) pour contrôler la douleur et le gonflement

Traitement des lésions graves

Aux urgences, les médecins vérifient s’il y a des blessures qui requièrent un traitement immédiat.

Si des artères sont endommagées, les médecins les réparent chirurgicalement, sauf si elles sont petites et que le flux sanguin n’est pas affecté. L’objectif est de s’assurer que le membre touché n’est pas privé de sang. Le syndrome des loges est traité, le cas échéant.

Les nerfs sectionnés sont également réparés chirurgicalement, mais cette chirurgie peut être retardée pendant plusieurs jours après la lésion si nécessaire. Si les nerfs sont meurtris ou lésés, ils peuvent guérir spontanément.

Si la peau est déchirée, la plaie est recouverte d’un pansement stérile, et la personne blessée est vaccinée contre le tétanos et reçoit des antibiotiques pour empêcher toute infection. En outre, la plaie est nettoyée, généralement après avoir utilisé un anesthésique local pour anesthésier la zone.

La majorité des luxations modérées et sévères, notamment celles qui sont très instables, sont immobilisées immédiatement à l’aide d’une attelle. L’immobilisation permet de réduire la douleur et d’éviter toute lésion supplémentaire des tissus mous causée par une luxation instable.

Traitement de la douleur

La douleur est traitée, généralement avec des antalgiques opioïdes et/ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

PRICE

Les personnes qui présentent une luxation peuvent retirer un bénéfice du protocole PRICE. PRICE fait référence à l’association protection, repos, glace, compression (pression) et élévation.

La protection permet d’empêcher toute nouvelle blessure qui pourrait aggraver la première. Généralement, une attelle ou un autre dispositif est utilisé.

Le repos empêche toute autre blessure et peut accélérer la guérison. Les personnes doivent limiter leurs activités et éviter de s’appuyer sur la partie du corps blessée et/ou de l’utiliser. Par exemple, utiliser des béquilles ou éviter de participer à des sports de contact peut être nécessaire.

La glace et la compression minimisent le gonflement et la douleur. La glace est enveloppée dans un sac en plastique, une serviette ou un linge, et est appliquée pendant 15 à 20 minutes sans pause, aussi souvent que possible au cours des 24 aux 48 premières heures. Généralement, la compression est appliquée sur la lésion à l’aide d’un bandage élastique ou d’une attelle.

Le fait d’élever le membre atteint permet d’évacuer le liquide de la lésion et donc de réduire le gonflement. Le membre atteint est élevé au-dessus du niveau du cœur pendant les 2 premiers jours.

Au bout de 48 heures, les personnes peuvent régulièrement appliquer de la chaleur (par exemple, avec un coussin chauffant) pendant 15 à 20 minutes sans pause. La chaleur peut soulager la douleur. Néanmoins, on ne sait pas très bien laquelle des deux est la plus efficace entre la chaleur et la glace, et ce qui est le plus efficace peut varier d’une personne à une autre.

Réduction

Les luxations sont remises en place (réalignement ou réduction).

La réduction est généralement réalisée sans chirurgie (ce que l’on appelle réduction fermée), par manipulation ; par exemple, en tirant et/ou tournant le membre. Une fois la réduction réalisée, les médecins réalisent généralement des radiographies afin de déterminer si les parties affectées sont dans leur position normale.

Certaines luxations doivent être réalignées chirurgicalement (réduction ouverte).

Comme la réduction est souvent douloureuse, les personnes reçoivent généralement des analgésiques, des sédatifs et/ou un anesthésique avant l’intervention. Les types de médicaments utilisés dépendent de la sévérité de la blessure et de la manière dont la réduction doit être réalisée :

  • Réduction fermée de luxations mineures (comme celles des doigts ou orteils) : Un anesthésique local injecté près de la partie affectée, tel que de la lidocaïne, peut être suffisant.

  • Réduction fermée des luxations majeures (telles que celles du bras, de l’épaule ou de la partie inférieure de la jambe) : Les personnes peuvent recevoir un sédatif et des analgésiques par voie intraveineuse. Le sédatif les rend somnolentes, mais pas inconscientes. Elles peuvent également recevoir un anesthésique local par injection. Par exemple, si les personnes ont une luxation de l’épaule, de la lidocaïne peut être injectée dans l’articulation de l’épaule.

  • Réduction ouverte : Les personnes reçoivent une anesthésie générale par injection ou un masque à oxygène, ce qui les rend inconscientes. Cette procédure est effectuée en salle d’opération.

Immobilisation

Après avoir été réalignée, la blessure doit être immobilisée.

Des plâtres, attelles ou écharpes sont généralement utilisés après la réduction fermée d’une luxation. Certaines luxations ne nécessitent qu’une écharpe ou une attelle, que l’on met en place une fois que l’articulation a été remise en place.

L’immobilisation réduit la douleur et facilite la guérison en empêchant toute autre blessure des tissus adjacents. L’immobilisation est utile pour la plupart des luxations modérées ou sévères. Les articulations des deux côtés de la blessure sont immobilisées.

Si l’immobilisation dure trop longtemps (par exemple, pendant plusieurs semaines chez de jeunes adultes), l’articulation peut devenir raide, parfois de manière irréversible, et les muscles peuvent se raccourcir (causant des contractures) ou rétrécir (rapetissés ou atrophiés). Des caillots sanguins peuvent se développer. Ces problèmes peuvent se développer rapidement, et les contractures peuvent devenir permanentes, généralement chez les personnes âgées. Par conséquent, les médecins encouragent le mouvement dès que possible.

Des plâtres sont généralement utilisés pour les blessures devant être immobilisées pendant des semaines.

Pour appliquer un plâtre, les médecins enveloppent la partie affectée dans un linge, puis appliquent une couche de matière cotonneuse douce pour protéger la peau contre toute pression et tout frottement. Sur ce rembourrage, les médecins enveloppent des bandes de coton imbibées de plâtre ou des bandes de fibre de verre, qui durcissent lorsqu’elles sèchent. Les plâtres traditionnels sont faciles à mouler et sont peu susceptibles de provoquer des frottements. Les plâtres en fibre de verre sont plus résistants, plus légers et durent plus longtemps. Au bout d’une semaine environ, le gonflement diminue. Puis, le plâtre peut parfois être remplacé par un plâtre en fibre de verre pour mieux s’ajuster au membre.

Les personnes qui requièrent un plâtre reçoivent des instructions spéciales pour son entretien. Si un plâtre n’est pas correctement entretenu, des problèmes peuvent apparaître. Par exemple, si le plâtre est mouillé, le rembourrage de protection sous le plâtre peut être mouillé, et il peut être impossible de le sécher totalement. Ainsi, la peau peut se ramollir et se dégrader, et des plaies peuvent se former. Aussi, si un plâtre est mouillé, il peut se désagréger et ne plus protéger et immobiliser la zone affectée.

Les personnes doivent garder le plâtre en hauteur autant que possible au niveau du cœur ou au-dessus, tout spécialement pendant les 24 à 48 premières heures. Elles doivent également régulièrement fléchir et étirer leurs doigts ou remuer les orteils. Ces stratégies permettent au sang de s’évacuer du membre atteint et donc de prévenir le gonflement.

Dans de rares cas, le plâtre peut provoquer une douleur, une pression ou un engourdissement constants ou qui s’intensifient. Il est essentiel de consulter un médecin immédiatement si tel est le cas. Ces symptômes peuvent être dus au développement d’une escarre ou d’un syndrome des loges. Dans ce cas, les médecins peuvent devoir retirer le plâtre et en appliquer un autre.

Une attelle peut être utilisée pour immobiliser certaines luxations stables, particulièrement si elles doivent être immobilisées pendant quelques jours uniquement ou moins. Une attelle peut également être utilisée immédiatement, en guise de traitement initial, pour immobiliser les luxations modérées et sévères, notamment celles qui sont très instables, jusqu’à ce que la personne puisse être examinée correctement. Les attelles permettent aux personnes d’appliquer de la glace et de bouger plus qu’avec un plâtre.

Une attelle est une plaque longue et mince de plâtre, de fibres de verre ou d’aluminium appliquée à l’aide d’un bandage ou d’une bande élastique. Cette plaque n’entoure pas complètement le membre, ce qui permet une certaine expansion des tissus suite au gonflement. Ainsi, une attelle n’accroît pas le risque de développer un syndrome des loges. Certaines lésions nécessitant un plâtre sont tout d’abord immobilisées avec une attelle jusqu’à disparition presque complète du gonflement.

Une écharpe seule peut offrir un certain soutien. Les écharpes peuvent être utiles lorsqu’une immobilisation complète entraîne des effets indésirables. Par exemple, si une épaule est totalement immobilisée, les tissus autour de l’articulation peuvent devenir raides, parfois en quelques jours, empêchant l’épaule de bouger (épaule gelée). Les écharpes limitent le mouvement de l’épaule et du coude, mais permettent celui de la main.

Un bandage, qui est un morceau de linge ou une bande, peut être utilisé avec une écharpe pour empêcher le bras de pivoter vers l’extérieur, tout spécialement la nuit. Le bandage est enroulé autour du dos et sur la partie affectée.

Prendre soin d’un plâtre

  • Pendant la douche, enfermer le plâtre dans un sac en plastique et fermer soigneusement les extrémités avec des élastiques, de la bande adhésive ou une housse étanche pour assurer une étanchéité parfaite. Ces housses sont disponibles dans le commerce, pratiques à utiliser et plus fiables. Si un plâtre est mouillé, son rembourrage risque de retenir l’humidité. On peut utiliser un sèche-cheveux pour le sécher au moins en partie. Sinon, le plâtre devra être remplacé pour éviter la dégradation de la peau.

  • Ne jamais pousser un objet à l’intérieur du plâtre (par exemple, en cas de démangeaison).

  • Contrôler chaque jour la peau autour du plâtre et signaler toute zone rouge ou douloureuse au médecin.

  • Vérifier tous les jours les bords du plâtre, et s’ils sont rugueux, placer du ruban adhésif doux, des mouchoirs en papier, un linge ou tout autre matériau doux pour les rembourrer afin qu’ils ne blessent pas la peau.

  • Au repos, positionner soigneusement le plâtre, si possible avec un petit coussin, pour éviter que les bords ne pincent ou ne compriment la peau.

  • Élever le plâtre à intervalles réguliers, selon les recommandations du médecin, pour réduire le gonflement.

  • S’adresser immédiatement à un médecin si le plâtre cause une douleur persistante ou s’il est trop étroit. Ces symptômes peuvent être dus à des escarres de décubitus ou à un gonflement, pouvant exiger le retrait immédiat du plâtre.

  • Contacter un médecin si le plâtre dégage une odeur ou en cas de fièvre. Ces symptômes peuvent être les signes d’une infection.

  • Contacter un médecin si le plâtre aggrave la douleur ou cause un nouvel engourdissement ou une nouvelle faiblesse. Ces symptômes peuvent indiquer un syndrome des loges.

Techniques fréquemment utilisées pour l’immobilisation d’une articulation

Chirurgie

Il arrive qu’une réduction fermée ne soit pas possible, auquel cas une chirurgie est nécessaire pour remettre en place l’articulation. Une fois l’articulation réalignée, il n’est généralement pas nécessaire de réaliser une autre chirurgie.

Cependant, il est parfois nécessaire de réaliser d’autres interventions chirurgicales pour traiter les fractures accompagnant la luxation, stabiliser l’articulation ou retirer des débris articulaires.

Rééducation et pronostic des luxations

La majorité des luxations et des lésions associées guérissent bien et entraînent peu de problèmes. Néanmoins, certaines ne guérissent pas totalement même si elles sont diagnostiquées et traitées de manière appropriée.

Le temps qu’il faut pour qu’une blessure guérisse varie de quelques semaines à plusieurs mois selon :

  • Type de blessure

  • Localisation de la blessure

  • L’âge de la personne

  • Autres troubles présents

Par exemple, les enfants guérissent beaucoup plus vite que les adultes, et certains troubles (y compris ceux qui causent des problèmes de circulation, comme le diabète et la maladie vasculaire périphérique) ralentissent la guérison.

Les personnes ressentent généralement une certaine gêne lorsqu’elles réalisent des activités, même après que les blessures ont suffisamment guéri pour leur permettre de s’appuyer de tout leur poids sur la partie affectée. Certaines personnes remarquent également que la partie affectée est plus douloureuse et raide lorsqu’il fait froid.

Le fait d’être immobilisé rend les articulations raides, et les muscles s’affaiblissent et rétrécissent, car ils ne sont pas utilisés. Si un membre est immobilisé dans un plâtre, l’articulation affectée devient plus raide chaque semaine, et les personnes deviennent incapables d’étendre et de fléchir totalement leur membre. Ces problèmes peuvent se développer rapidement et devenir irréversibles, généralement chez les personnes âgées.

Afin de prévenir ou de limiter la raideur, et d’aider les personnes à conserver leur force musculaire, les médecins ou les kinésithérapeutes peuvent recommander des exercices à faire quotidiennement, notamment des exercices de mobilisation et des exercices de renforcement musculaire. Pendant le processus de guérison, les personnes peuvent également pratiquer une activité physique mobilisant le reste du corps, conformément aux instructions du médecin ou du kinésithérapeute.

Une fois que la blessure est suffisamment guérie et que l’articulation n’est plus immobilisée, les personnes peuvent commencer à faire de l’exercice avec le membre lésé. Au cours des exercices, les personnes doivent être attentives aux sensations qui proviennent du membre lésé et éviter de trop forcer. Si les muscles sont trop faibles pour que les personnes puissent les solliciter, un thérapeute mobilise le membre pour elles (exercice passif). Néanmoins, en dernier lieu, pour retrouver la force d’un membre lésé, les personnes doivent mobiliser leurs propres muscles (exercice actif).

Des exercices visant à améliorer l’amplitude des mouvements et la force musculaire, et à renforcer et stabiliser l’articulation lésée, permettent de prévenir les récidives de la luxation et les problèmes à long terme.

Focus sur le vieillissement : Luxations

Les personnes de plus de 65 ans sont plus susceptibles de présenter des luxations, en partie parce qu’elles sont plus sujettes aux chutes, une cause fréquente de luxation. Les personnes plus âgées sont plus sujettes aux chutes pour les raisons suivantes :

  • Certaines modifications normales liées à l’âge altèrent l’équilibre, la vision, la sensation (principalement dans les pieds) et la force musculaire, ce qui augmente le risque de chutes. Ces modifications font également que les personnes plus âgées ont plus de mal à se protéger en cas de chute.

  • Chez les personnes plus âgées, la tension artérielle tend à chuter excessivement, ce qui entraîne des vertiges ou étourdissements lorsqu’elles s’assoient ou se lèvent.

  • Elles sont plus à même de présenter des effets secondaires avec leurs médicaments (tels que somnolence, perte d’équilibre et étourdissements), qui peuvent les faire tomber plus facilement.

Par ailleurs, chez les personnes plus âgées, les luxations sont souvent accompagnées d’autres lésions. Par exemple, une luxation de l’épaule est plus susceptible de provoquer une déchirure de la coiffe des rotateurs chez les personnes plus âgées que chez les personnes plus jeunes.

Chez les personnes âgées, le rétablissement est souvent plus compliqué et plus lent que chez les personnes plus jeunes car :

  • La force globale, la souplesse et l’équilibre des personnes âgées sont généralement inférieurs à ceux des personnes plus jeunes. Ainsi, il est plus difficile de compenser les limitations causées par une luxation, et il est plus difficile de reprendre les activités quotidiennes.

  • Lorsque les personnes plus âgées sont inactives ou immobilisées (avec des plâtres ou des attelles), elles perdent du tissu musculaire plus rapidement que les adultes plus jeunes. Ainsi, l’immobilisation peut conduire à une faiblesse musculaire. Parfois, les muscles raccourcissent de manière irréversible, et du tissu cicatriciel se forme dans les tissus autour de l’articulation, tels que les ligaments et tendons. Cette affection (que l’on appelle contractures articulaires) limite le mouvement de l’articulation.

  • Les personnes âgées sont plus à même de présenter d’autres troubles (comme l’arthrite ou une mauvaise circulation), qui peuvent gêner le rétablissement ou le ralentir.

Même les fractures mineures peuvent entraver de façon importante la capacité des personnes âgées au cours de leurs activités quotidiennes telles que s’alimenter, s’habiller, se laver et même marcher, surtout si elles utilisaient un déambulateur avant la blessure.

Immobilisation : L’immobilisation (par exemple, si un alitement est nécessaire) est un problème spécifique chez les personnes plus âgées.

Chez les personnes âgées, l’immobilisation est plus à même de causer :

Des escarres de décubitus se développent lorsque le flux sanguin alimentant une zone est interrompu ou significativement réduit. Chez les personnes âgées, le flux sanguin alimentant un membre peut déjà être réduit. Lorsque le poids d’un membre lésé repose sur un plâtre, le flux sanguin est encore plus réduit, et des escarres de décubitus peuvent se former. Si le repos au lit est requis, des escarres de décubitus peuvent se développer sur les zones de peau en contact avec le lit. Ces zones doivent être minutieusement inspectées à la recherche de tout signe indiquant que la peau est en train de se détériorer.

Comme l’immobilisation est plus à même de causer des problèmes chez les personnes plus âgées, le traitement des luxations et autres lésions musculosquelettiques consiste à aider les personnes plus âgées à reprendre leurs activités quotidiennes aussi rapidement que possible.

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