La plupart des hémorragies intracérébrales se produisent au niveau des noyaux gris centraux, des lobes cérébraux, du cervelet ou de la protubérance. L'hémorragie intracérébrale peut également se produire dans d'autres parties du tronc cérébral ou dans le mésencéphale.
Étiologie de l'hémorragie intracérébrale
L'hémorragie intracérébrale est habituellement causée par la rupture d'une petite artère artérioscléreuse qui a été fragilisée, conséquence le plus souvent d'une HTA Hypertension On définit l'HTA comme une élévation prolongée de la pression artérielle au repos, systolique (≥ 130 mmHg) et/ou diastolique (≥ 80 mmHg). L’HTA sans cause connue (primitive; précédemment nommée... en apprendre davantage chronique. Ces hémorragies sont généralement de grande taille, uniques, et catastrophiques. D'autres facteurs de risque modifiables qui contribuent à des hémorragies intracérébrales hypertensives artérioscléreuses comprennent le tabagisme, l' obésité Principaux syndromes d'accident vasculaire cérébral
et une alimentation à haut risque (p. ex., riche en graisses saturées, graisses trans, et calories). La consommation de cocaïne ou, occasionnellement, d'autres sympathomimétiques peut provoquer une HTA sévère transitoire cause d'hémorragie.
Moins souvent, l'hémorragie intracérébrale est la conséquence d'un anévrisme Anévrismes cérébraux Les anévrismes cérébraux sont des dilatations focales des artères. Aux États-Unis, des anévrismes cérébraux surviennent chez 3 à 5% des patients. Les anévrismes cérébraux peuvent survenir à... en apprendre davantage congénital, d'une malformation artério-veineuse Malformations artérioveineuses cérébrales Malformations artérioveineuses: les malformations artérioveineuses sont des vaisseaux sanguins dilatés et enchevêtrés dans lesquels le sang des artères s'écoule directement vers les veines.... en apprendre davantage ou d'une autre malformation vasculaire, d'un traumatisme Lésion cérébrale traumatique La lésion cérébrale traumatique est une lésion physique du tissu cérébral qui altère de manière transitoire ou définitivement, la fonction cérébrale. Le diagnostic est suspecté cliniquement... en apprendre davantage
, d'un anévrisme mycotique, d'un infarctus cérébral (infarctus hémorragique), d'une tumeur cérébrale primitive ou métastatique, d'une anticoagulation excessive, d'une dyscrasie sanguine, dissection artérielle intracrânienne, maladie moya-moya ou d'une anomalie de coagulation ou d'une vascularite.
Les hémorragies intracérébrales (hématomes lobaires dans les lobes cérébraux, à l'extérieur des noyaux gris centraux), sont généralement liées à une angiopathie due à des dépôts d'amyloïde dans les artères cérébrales (angiopathie amyloïde cérébrale), qui affectent principalement les personnes âgées. Les hémorragies lobaires peuvent être multiples et récurrentes.
Physiopathologie de l'hémorragie intracérébrale
Le sang d'une hémorragie intracérébrale s'accumule et forme une masse qui peut disséquer et comprimer les tissus cérébraux adjacents, ce qui provoque un dysfonctionnement neuronal. Les hématomes de grande taille augmentent la pression intracrânienne. La pression liée aux hématomes supratentoriels et à l'œdème les accompagnant peut provoquer un engagement cérébral Engagement cérébral Une hernie cérébrale (engagement) se produit lorsque l'augmentation de la pression intracrânienne provoque la protrusion anormale du tissu cérébral à travers les ouvertures des barrières intracrâniennes... en apprendre davantage transtentoriel, comprimant le tronc cérébral ce qui souvent est cause d'hémorragies secondaires dans le mésencéphale et la protubérance.
En cas de rupture de l'hémorragie dans le système ventriculaire (hémorragie intraventriculaire), le sang peut provoquer une hydrocéphalie aiguë. Les hématomes cérébelleux peuvent en se développant bloquer le 4e ventricule, provoquant également une hydrocéphalie aiguë, ou ils peuvent disséquer le parenchyme du tronc cérébral. Les hématomes cérébelleux de > 3 cm de diamètre peuvent entraîner une déviation de la ligne médiane ou une hernie.
Une hernie, une hémorragie mésencéphalique ou pontique, une hémorragie intraventriculaire, une hydrocéphalie aiguë, ou une dissection du parenchyme du tronc cérébral peut altérer la vigilance et entraîner un coma et la mort.
Symptomatologie de l'hémorragie intracérébrale
Les symptômes d'une hémorragie intracérébrale commencent typiquement par une brutale céphalée, souvent en cours d'activité. Cependant, les céphalées peuvent parfois être légères ou absentes chez les personnes âgées. Une altération de la vigilance est habituelle, souvent pendant quelques secondes ou quelques minutes. Des nausées, des vomissements, un syndrome confusionnel et des crises comitiales focales ou généralisées sont également fréquents.
Les déficits neurologiques sont généralement soudains et progressifs. Les hémorragies importantes, lorsqu'elles affectent les hémisphères, provoquent une hémiparésie; lorsqu'elles affectent la fosse postérieure, provoquent des déficits du cervelet ou du tronc cérébral (p. ex., déviation conjuguée des yeux ou ophtalmoplégie, une respiration stertoreuse, pupilles en myosis serré, coma).
Les hémorragies importantes sont mortelles en quelques jours chez environ la moitié des patients. Chez les survivants, la conscience s'améliore et les déficits neurologiques régressent progressivement à des degrés variables parallèlement à la résorption du sang extravasé. Certains patients ont étonnamment peu de déficits neurologiques séquellaires car une hémorragie est moins destructrice pour le tissu cérébral qu'un infarctus.
Les hémorragies de petite taille peuvent entraîner des déficits focaux, sans altération de la conscience et avec peu ou pas de céphalées et de nausées. Les hémorragies de petite taille peuvent simuler un accident vasculaire cérébral ischémique Accident vasculaire cérébral ischémique L'accident vasculaire cérébral ischémique est un déficit neurologique soudain qui résulte d'une ischémie cérébrale focale associée à un infarctus cérébral définitif (p. ex., visible en IRM sur... en apprendre davantage .
Diagnostic de l'hémorragie intracérébrale
Neuro-imagerie
Le diagnostic d'hémorragie intracérébrale est suspecté sur l'apparition d'une céphalée brutale, de déficits neurologiques focaux, et de troubles de la conscience, en particulier chez des patients présentant des facteurs de risque.
L'hémorragie intracérébrale doit être distinguée des troubles suivants
Autres causes de déficits neurologiques aigus (p. ex., convulsions Troubles convulsifs Une crise d'épilepsie est une décharge électrique anormale et non régulée qui survient dans la substance grise corticale du cerveau et qui en interrompt transitoirement son fonctionnement. L'épilepsie... en apprendre davantage , hypoglycémie Hypoglycémie Une hypoglycémie ou une glycémie basse peuvent entraîner une stimulation du système nerveux sympathique et un dysfonctionnement du système nerveux central. Chez les diabétiques qui prennent... en apprendre davantage )
La glycémie doit être mesurée immédiatement au chevet du patient.
Une TDM ou une IRM en urgence est nécessaire. La neuro-imagerie permet habituellement le diagnostic. Si la neuro-imagerie ne montre pas d'hémorragie, mais qu'une hémorragie sous-arachnoïdienne est suspectée cliniquement, une ponction lombaire Ponction lombaire Une ponction lombaire est utilisée pour les éléments suivants: Évaluer la pression intracrânienne et la composition du LCR (voir tableau Anomalies du liquide céphalorachidien dans divers troubles)... en apprendre davantage est nécessaire. Une angio-TDM effectuée dans les heures suivant l'apparition des saignements peut montrer des zones d'extravasation du produit de contraste vers le caillot; ce signe indique que le saignement se poursuit, que l'hématome augmentera de volume et que l'évolution sera défavorable.
Traitement de l'hémorragie intracérébrale
Mesures de support
Contrôle des facteurs de risque modifiables
Parfois, l'évacuation chirurgicale (p. ex., pour la plupart des hématomes cérébelleux > 3 cm)
Le traitement de l'hémorragie intracérébrale comprend des mesures de support et le contrôle des facteurs de risque modifiables.
Les anticoagulants et les antiagrégants plaquettaires sont contre-indiqués. Si les patients ont pris des anticoagulants, les effets sont antagonisés lorsque cela est possible par administration de plasma frais congelé, de concentré de complexe prothrombinique, de vitamine K, ou de transfusions de plaquettes, selon les indications. L'hémodialyse peut éliminer environ 60% du dabigatran.
Selon les recommandations de l'American Heart Association et de l'American Stroke Association 2015, l'hypertension artérielle peut être abaissée à 140 mmHg si la pression artérielle systolique est comprise entre 150 mmHg et 220 mmHg et si le traitement antihypertenseur aigu n'est pas contre-indiqué (1 Référence pour le traitement L'hémorragie intracérébrale est une hémorragie focale d'un vaisseau sanguin dans le parenchyme cérébral. La cause est généralement une HTA. Les symptômes typiques comprennent des déficits neurologiques... en apprendre davantage ). Si la pression artérielle systolique est > 220 mmHg, l'hypertension peut être traitée de manière agressive par une perfusion IV continue; dans de tels cas, la pression artérielle systolique doit être surveillée fréquemment. De la nicardipine 2,5 mg/h IV est administrée initialement; la dose est augmentée de 2,5 mg/h toutes les 5 min jusqu'à un maximum de 15 mg/h pour diminuer la pression artérielle systolique de 10 à 15%.
Les hématomes des hémisphères cérébelleux qui sont > 3 cm de diamètre peuvent causer une déviation de la ligne médiane ou une hernie, et imposent donc une évacuation chirurgicale souvent salvatrice. L'évacuation précoce des hématomes cérébraux lobaires de grande taille peut aussi être salvatrice, mais la récidive hémorragique survient fréquemment, parfois à l'origine d'une augmentation des déficits neurologiques. L'évacuation précoce des hématomes cérébraux profonds est rarement indiquée, car la mortalité chirurgicale est élevée et les déficits neurologiques sont généralement sévères.
Les anticonvulsivants ne sont généralement pas utilisés à titre prophylactique; ils ne sont utilisés que si le patient a eu une crise.
Référence pour le traitement
1. Hemphill JC, Greenberg SM, Anderson CS, et al: Guidelines for the management of spontaneous intracerebral hemorrhage: A guideline for healthcare professionals from the American Heart Association/American Stroke Association. Stroke 46:2032–2060, 2015. https://doi.org/10.1161/STR.0000000000000069.
Points clés
En cas d'hémorragie intracérébrale, des symptômes graves et soudains (p. ex., des céphalées soudaines, une perte de connaissance, des vomissements) sont fréquents, mais les céphalées peuvent être absentes (en particulier chez les personnes âgées), et de petites hémorragies peuvent simuler un accident vasculaire cérébral ischémique.
Effectuer une TDM ou une IRM et une mesure de la glycémie au lit du malade, immédiatement.
Les soins symptomatiques essentiels peuvent comprendre une réversion de l'anticoagulation et une diminution de la pression artérielle si la pression artérielle systolique est > 150 mmHg; si la pression artérielle systolique est > 220 mmHg, envisager une réduction agressive de la pression artérielle en perfusant en continu de la nicardipine IV.
Envisager une évacuation chirurgicale en cas d'hématomes lobaires cérébraux importants et d'hématomes > 3 cm dans un hémisphère cérébelleux.