La maladie artérielle périphérique est causée par l'athérosclérose des extrémités qui entraîne une perfusion altérée et une ischémie. La maladie artérielle périphérique des membres inférieurs peut être asymptomatique ou les patients peuvent présenter des symptômes atypiques, une claudication ou une ischémie chronique menaçant le membre (douleur de repos ischémique, ulcération ou perte tissulaire, et gangrène). Le diagnostic est généralement établi par l'anamnèse, l'examen clinique et la mesure de l'indice de pression systolique cheville/bras. Le traitement de tous les patients qui ont une maladie artérielle périphérique des membres inférieurs inclut la modification des facteurs de risque, la modification du mode de vie, incluant l'exercice. Les médicaments antiplaquettaires sont recommandés chez les patients qui ont une maladie artérielle périphérique symptomatique des membres inférieurs. Dans le cas des patients qui ont une claudication, le traitement par cilostazol et l'orientation vers un entraînement à l'exercice supervisé sont recommandés. Les traitements supplémentaires pour la claudication réfractaire ou l'ischémie chronique menaçant le membre incluent la revascularisation endovasculaire ou chirurgicale. Certains patients qui ont une ischémie chronique menaçant le membre nécessitent une amputation. Le pronostic est généralement bon sous traitement, bien que les taux de morbidité et de mortalité soient élevés en raison de maladies concomitantes, notamment la coronaropathie.
La maladie artérielle périphérique des membres supérieurs et inférieurs est discutée ci-dessous. Les autres maladies vasculaires, notamment l'anévrisme de l'aorte abdominale, l'anévrisme de l'aorte thoracique, la dissection aortique, la sténose et l'occlusion de l'artère rénale, la dysplasie fibromusculaire, l'ischémie mésentérique, et l'accident vasculaire cérébral ischémique résultant de la sténose de l'artère carotide sont présentées ailleurs.
Étiologie des maladies artérielles périphériques
La prévalence mondiale de la maladie artérielle périphérique est entre 2 et 6% globalement; la prévalence augmente à 15 à 20% après l'âge de 80 ans (1, 2, 3).
Les facteurs de risque sont les mêmes que pour l'athérosclérose (4, 5):
Tabagisme (y compris le tabagisme passif) ou d'autres formes de tabagisme
Dyslipidémie (cholestérol à lipoprotéines de basse densité [LDL] élevé, cholestérol à lipoprotéines de haute densité [HDL] bas)
Antécédents familiaux d'athérosclérose
Taux élevé d'homocystéïne
L'âge
Sexe masculin
Obésité
L'athérosclérose est une maladie systémique; la majorité des patients qui présentent une artériopathie périphérique ont également une maladie coronarienne cliniquement significative (coronaropathie) ou une maladie cérébrovasculaire (6).
Références pour l'étiologie
1. Aday AW, Matsushita K. Epidemiology of Peripheral Artery Disease and Polyvascular Disease. Circ Res 2021;128(12):1818-1832. doi:10.1161/CIRCRESAHA.121.318535
2. GBD 2019 Peripheral Artery Disease Collaborators. Global burden of peripheral artery disease and its risk factors, 1990-2019: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019. Lancet Glob Health 2023;11(10):e1553-e1565. doi:10.1016/S2214-109X(23)00355-8
3. Polonsky TS, McDermott MM. Lower Extremity Peripheral Artery Disease Without Chronic Limb-Threatening Ischemia: A Review. JAMA 2021;325(21):2188-2198. doi:10.1001/jama.2021.2126
4. Gornik HL, Aronow HD, Goodney PP, et al. 2024 ACC/AHA/AACVPR/APMA/ABC/SCAI/SVM/SVN/SVS/SIR/VESS Guideline for the Management of Lower Extremity Peripheral Artery Disease: A Report of the American College of Cardiology/American Heart Association Joint Committee on Clinical Practice Guidelines [published correction appears in Circulation 2025 Apr 8;151(14):e918. doi: 10.1161/CIR.0000000000001329]. Circulation 2024;149(24):e1313-e1410. doi:10.1161/CIR.0000000000001251
5. Mazzolai L, Teixido-Tura G, Lanzi S, et al. 2024 ESC Guidelines for the management of peripheral arterial and aortic diseases. Eur Heart J 2024;45(36):3538-3700. doi:10.1093/eurheartj/ehae179
6. Kullo IJ, Rooke TW. CLINICAL PRACTICE. Peripheral Artery Disease. N Engl J Med 2016;374(9):861-871. doi:10.1056/NEJMcp1507631
Symptomatologie de la maladie artérielle périphérique
La maladie artérielle périphérique peut être catégorisée en 4 sous-ensembles: la forme asymptomatique, la forme symptomatique chronique, l'ischémie chronique menaçant le membre et l'ischémie aiguë du membre (1). Les symptômes de la maladie artérielle périphérique occlusive peuvent ne pas survenir jusqu'à ce que le diamètre luminal soit rétréci de 50 à 70%, selon l'artère spécifique et le patient. Plus de 20% des patients atteints d'artériopathie périphérique n'ont aucun symptôme, et approximativement le même pourcentage de patients ont des symptômes atypiques (p. ex., intolérance à l'effort non spécifique, douleurs au niveau des hanches ou à d'autres articulations) (1).
Les patients qui ont une maladie artérielle périphérique asymptomatique peuvent présenter une déficience fonctionnelle, ainsi que des symptômes démasqués lors de tests de marche objectifs (malgré l'absence de symptômes d'effort dans la vie quotidienne) (1).
La claudication intermittente est la manifestation typique de l'artériopathie des membres inférieurs chronique symptomatique. La claudication intermittente est une sensation douloureuse, à type d'élancement ou de courbature, de crampes, d'inconfort ou de fatigue des jambes qui se produit pendant la marche et est soulagée par le repos (1). La douleur de claudication se produit habituellement dans les mollets, mais peut apparaître également dans les pieds, les cuisses, les hanches, les fesses ou, beaucoup plus rarement, les bras. La claudication est une manifestation d'ischémie réversible induite par l'exercice, et elle est généralement soulagée par le repos. Avec une claudication légère, les patients sont capables d'effectuer des activités d'effort avec peu de limitations. Plus l'artériopathie périphérique progresse, plus la distance pouvant être parcourue sans symptôme (périmètre de marche) se réduit.
Les patients présentant une ischémie chronique menaçant le membre peuvent ressentir une douleur ischémique de repos, qui est habituellement plus importante distalement, est aggravée par l'élévation de la jambe (causant souvent une douleur nocturne), et diminue lorsque la jambe est en dessous du niveau du cœur (1). Les douleurs peuvent être décrites comme des brûlures, des serrements, ou des courbatures bien que ces signes ne soient pas spécifiques. Lorsque le pied est en déclivité, il peut prendre une couleur rouge sombre ou plus foncée que d'habitude (appelée la rougeur déclive). Chez certains patients, l'élévation du pied entraîne une pâleur et une aggravation des douleurs ischémiques; lorsque le pied est abaissé, le remplissage veineux se prolonge (> 15 s). Il n'y a habituellement pas d'œdème, sauf si le patient a gardé la jambe immobile ou en position déclive pour diminuer ses douleurs. L'artériopathie périphérique chronique peut provoquer une peau mince et pâle (atrophique) avec une dépilation plus ou moins importante. Les jambes et les pieds peuvent être froids en distalité. Les zones des membres atteintes peuvent montrer une hypersudation et devenir cyanosées, probablement du fait d'une hyperactivité neurogène sympathique.
L'occlusion soudaine et complète est discutée dans Ischémie aiguë du membre.
DR P. MARAZZI/SCIENCE PHOTO LIBRARY
Si l'ischémie s'aggrave, des ulcères ischémiques peuvent apparaître (habituellement sur les orteils ou le talon, et plus rarement sur la jambe ou le pied), en particulier après un traumatisme local. Les ulcères sont volontiers entourés de tissus noirs, nécrotiques (gangrène sèche). Ils sont généralement douloureux, mais les patients atteints de neuropathie périphérique (p. ex., due au diabète ou à un trouble de l'usage de l'alcool) peuvent ne pas les ressentir. L'infection des ulcères ischémiques (gangrène humide) survient fréquemment, entraînant généralement une cellulite rapidement progressive.
Le niveau de l'occlusion artérielle influence la topographie des symptômes. Une artériopathie périphérique aorto-iliaque peut entraîner une claudication fessière, fémorale ou surale; une douleur de la hanche; et, chez l'homme, des troubles de l'érection (syndrome de Leriche). Dans l'artériopathie périphérique fémoropoplitée, la claudication se produit habituellement au mollet; les pouls situés au-dessous de l'artère fémorale sont faibles ou absents. Dans l'artériopathie périphérique atteignant les artères plus distales, les pouls fémoraux et poplités peuvent être présents, mais les pouls pédieux sont abolis. Les patients qui ont une ischémie chronique menaçant le membre ont typiquement une maladie multisegmentaire (p. ex., occlusions aorto-iliaques, fémoro-poplitées et tibiales).
L'artériopathie périphérique affecte parfois les bras, en particulier l'artère sous-clavière proximale gauche, ce qui provoque une fatigue des bras à l'effort et parfois une embolisation vers les mains.
Référence pour la symptomatologie
1. Gornik HL, Aronow HD, Goodney PP, et al. 2024 ACC/AHA/AACVPR/APMA/ABC/SCAI/SVM/SVN/SVS/SIR/VESS Guideline for the Management of Lower Extremity Peripheral Artery Disease: A Report of the American College of Cardiology/American Heart Association Joint Committee on Clinical Practice Guidelines [published correction appears in Circulation 2025 Apr 8;151(14):e918. doi: 10.1161/CIR.0000000000001329]. Circulation 2024;149(24):e1313-e1410. doi:10.1161/CIR.0000000000001251
Diagnostic de la maladie artérielle périphérique
Index de pression artérielle cheville-bras
Échographie
Angiographie (comprend l'angiographie par résonance magnétique, l'angiographie par TDM, ou l'angiographie invasive)
© 2017 Elliot K. Fishman, MD.
L'artériopathie périphérique est souvent méconnue, car nombre de patients ont des symptômes atypiques ou ne sont pas suffisamment actifs pour être symptomatiques. Une sténose médullaire peut également entraîner des douleurs des membres inférieurs lors de la marche mais peut être distinguée car la douleur (appelée pseudo-claudication ou claudication médullaire) nécessite la position assise pour régresser et non pas uniquement le repos, et les pouls distaux restent normaux.
Le diagnostic est confirmé par des examens complémentaires non invasifs. Tout d'abord, la pression artérielle systolique des bras et des chevilles est mesurée de façon bilatérale en utilisant des sondes Doppler et un brassard de pression artérielle manuel. Les mesures de pression artérielle segmentaire sont souvent utilisées, car les gradients de pression et le profil hémodynamique de l'onde de pouls permettent de distinguer une artériopathie périphérique aorto-iliaque isolée d'une artériopathie périphérique fémoropoplitée ou sous-articulaire (sous le genou).
JIM VARNEY/SCIENCE PHOTO LIBRARY
L'index cheville-bras est le rapport de la PA systolique la plus élevée de la cheville (qu'elle soit droite ou gauche) divisée par la PA systolique du bras la plus élevée. Un index cheville-bras faible (≤ 0,90) est diagnostique d'une maladie artérielle périphérique des membres inférieurs, une valeur de 0,91 à 0,99 est limite (1).
Si l'index est normal (1,00 à 1,40) ou limite (0,91 à 0,99) mais que la suspicion d'artériopathie périphérique reste élevée, un index de pression systolique d'effort peut être mesuré par la marche sur tapis roulant ou des élévations de cheville. Après l'exercice, une chute de l'index cheville-bras de 20% est diagnostique d'une maladie artérielle périphérique des membres inférieurs. Un index cheville-bras élevé au repos (> 1,40) peut être dû à des vaisseaux de jambe incompressibles (comme dans l'artériosclérose de Mönckeberg avec calcification de la paroi artérielle).
Si l'index est> 1,40 mais que la suspicion d'artériopathie périphérique reste élevée, un index orteil-bras et une pression à l'orteil sont réalisés pour rechercher des sténoses ou des occlusions artérielles. Les lésions ischémiques ont peu de chances de guérir lorsque la pression artérielle systolique de l'orteil est < 30 mmHg, tandis que le potentiel de guérison est considéré probable si la pression de l'orteil est > 60 mmHg.
L'artériopathie périphérique des membres inférieurs et la probabilité de guérison d'un ulcère peuvent également être évaluées par oxymétrie transcutanée (TcO2). Un niveau de TcO2 < 40 mmHg (5,32 kPa) est prédictif d'une mauvaise cicatrisation et une valeur < 20 mmHg (2,66 kPa) est compatible avec une ischémie chronique menaçant le membre.
L'artériographie donne des détails sur la topographie et l'extension des sténoses et des occlusions artérielles; elle est un prérequis aux procédures de revascularisation endovasculaire et/ou chirurgicale. Elle ne peut pas remplacer les examens complémentaires non invasifs, car elle ne fournit pas d'informations sur la signification fonctionnelle des symptômes anormaux. L'échographie duplex artérielle, l'angiographie par résonance magnétique et l'angiographie par TDM sont des options de tests non invasifs qui peuvent faciliter la planification de l'angiographie invasive et aider à planifier la revascularisation (1, 2).
Références pour le diagnostic
1. Gornik HL, Aronow HD, Goodney PP, et al. 2024 ACC/AHA/AACVPR/APMA/ABC/SCAI/SVM/SVN/SVS/SIR/VESS Guideline for the Management of Lower Extremity Peripheral Artery Disease: A Report of the American College of Cardiology/American Heart Association Joint Committee on Clinical Practice Guidelines [published correction appears in Circulation 2025 Apr 8;151(14):e918. doi: 10.1161/CIR.0000000000001329]. Circulation 2024;149(24):e1313-e1410. doi:10.1161/CIR.0000000000001251
2. Mazzolai L, Teixido-Tura G, Lanzi S, et al. 2024 ESC Guidelines for the management of peripheral arterial and aortic diseases. Eur Heart J 2024;45(36):3538-3700. doi:10.1093/eurheartj/ehae179
Traitement de la maladie artérielle périphérique
Gestion des facteurs de risque (p. ex., diabète, dyslipidémie, hypertension)
Modification du mode de vie (p. ex., exercice, arrêt du tabac, gestion du poids)
Médicaments antiplaquettaires et anticoagulants
Cilostazol pour la claudication
Thérapie antihypertensive par des inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEA) ou des antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II (ARA)
Revascularisation endovasculaire ou chirurgicale pour la maladie symptomatique
Soins préventifs
Tous les patients doivent bénéficier d'une modification agressive du mode de vie et des facteurs de risque pour soulager les symptômes de la maladie artérielle périphérique et pour prévenir les maladies cardiovasculaires, dont:
Le sevrage tabagique qui est fondamental.
Contrôle du diabète, de la dyslipidémie et de l'hypertension
Thérapie d'exercices structurés
Modification du régime alimentaire
L'entraînement à l'exercice supervisé et à domicile est recommandé pour les patients atteints de maladie artérielle périphérique des membres inférieurs (1, 2). Environ 30 à 60 minutes de marche sur tapis roulant ou sur piste en alternant exercice-repos-exercice sont recommandées au moins 3 fois par semaine. Les programmes d'exercices supervisés sont probablement supérieurs aux programmes d'exercices à domicile. L'exercice peut augmenter le périmètre de marche sans douleur et améliorer la qualité de vie. Les mécanismes comprennent probablement une augmentation de la circulation collatérale, une amélioration de la fonction endothéliale avec vasodilatation microvasculaire, une diminution de la viscosité sanguine, une amélioration de la filtrabilité des globules rouges, une diminution de l'inflammation induite par l'ischémie et l'amélioration de l'extraction de l'oxygène.
Les soins préventifs des pieds sont cruciaux, en particulier chez le diabétique. Ils comprennent l'inspection quotidienne des pieds à la recherche de blessures et de ruptures cutanées, le traitement des durillons et des cors par un podologue, le lavage quotidien des pieds à l'eau tiède avec un savon doux, suivi d'un séchage doux et complet, et l'évitement des lésions thermiques, chimiques et mécaniques, notamment celles dues à des chaussures mal ajustées. La prise en charge des ulcères du pied est abordée ailleurs.
Pharmacothérapie
Des statines, des inhibiteurs de l'ECA ou des ARA, et de l'aspirine sont administrés pour réduire le risque d'événements cardiovasculaires (voir Traitement de l'athérosclérose).
La monothérapie antiplaquettaire est recommandée pour tous les patients atteints de maladie artérielle périphérique des membres inférieurs qui présentent des symptômes (3, 4). Les antiagrégants plaquettaires peuvent légèrement diminuer les symptômes et augmenter la distance de marche chez les patients présentant une maladie artérielle périphérique; plus important encore, ces médicaments modifient l'athérogenèse et aident à prévenir les syndromes coronariens aigus et les accidents ischémiques transitoires. Les options pour les patients atteints de maladie artérielle périphérique symptomatique comprennent l'aspirine ou le clopidogrel par voie orale. Des essais randomisés ont montré que la combinaison de rivaroxaban et d'aspirine réduisait les événements cardiovasculaires, dont le décès, et les événements indésirables majeurs des membres, dont l'amputation (5, 6). Certaines données suggèrent cependant que l'association d'aspirine plus rivaroxaban 2,5 mg par voie orale 2 fois/jour augmente également le risque de saignement (7).
Le cilostazol par voie orale peut être utilisé pour soulager la claudication intermittente en améliorant le débit sanguin et en augmentant l'oxygénation tissulaire dans les zones affectées; cependant, le cilostazol ne remplace pas la modification des facteurs de risque et l'exercice. Les effets indésirables les plus fréquents du cilostazol sont les céphalées et les diarrhées. Le cilostazol est contre-indiqué chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque systolique.
Les inhibiteurs de l'ECA et les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine II ont plusieurs effets bénéfiques. Ils sont anti-athérogènes et sont de puissants vasodilatateurs. Parmi les patients qui subissent une intervention vasculaire pour une ischémie chronique menaçant les membres, ceux qui sont sous inhibiteurs de l'ECA ou des antagonistes des récepteurs de l'angiotensine ont une survie sans amputation et une survie globale améliorée (8). Les bêta-bloqueurs sont également sans danger chez les patients atteints d'artériopathie périphérique des membres inférieurs (3).
D'autres médicaments pouvant soulager la claudication sont à l'étude mais ne sont pas disponibles aux États-Unis; ils comprennent la L-arginine (précurseur du facteur vasodilatateur endothélium-dépendant), le monoxyde d'azote, les prostaglandines vasodilatatrices, la thérapie par chélation et les facteurs de croissance angiogéniques (p. ex., vascular endothelial growth factor [VEGF], basic fibroblast growth factor [bFGF]) (4, 9).
Revascularisation endovasculaire
La revascularisation endovasculaire a considérablement progressé au cours des dernières décennies. L'utilisation de modalités multiples dans la revascularisation endovasculaire, incluant l'angioplastie transluminale percutanée (ATP), l'athérectomie et/ou la pose de stent, s'est avérée améliorer la durabilité et les résultats cliniques à moyen et long terme. Le succès dans le cas des patients subissant une revascularisation endovasculaire est très élevé (succès procédural > 90%, perméabilité à 3 ans de 58 à 82% selon le type et l'emplacement du stent) (10, 11). Plus de 80% de tous les patients subissant une revascularisation bénéficient d'une revascularisation endovasculaire comme traitement de première ligne (12).
Les indications de revascularisation endovasculaire comprennent les suivantes:
Claudication intermittente qui limite les activités quotidiennes et ne répond pas aux modifications des facteurs de risque et aux traitements non invasifs
Douleur de repos
Ulcération ou perte tissulaire ischémiques
Gangrène
Les complications de la revascularisation endovasculaire comprennent la thrombose au niveau du site de dilatation, l'embolisation distale, la dissection vasculaire, la perforation vasculaire et les complications hémorragiques.
Les études ont montré des taux de sauvetage de membre similaires chez les patients subissant une revascularisation endovasculaire et chirurgicale (13, 14), et les préférences du patient et le risque du patient doivent être envisagés avant d'entreprendre une revascularisation endovasculaire ou chirurgicale.
Revascularisation chirurgicale
La revascularisation chirurgicale est indiquée chez les patients:
Qui peuvent tolérer en toute sécurité une intervention vasculaire majeure
Avec une ischémie aiguë de membre
Avec une ischémie chronique menaçant le membre
Avec une claudication intermittente symptomatique qui ne répond pas aux traitements non invasifs (p. ex., similaire aux indications pour la revascularisation endovasculaire)
L'objectif est de soulager les symptômes, de prévenir ou diminuer la perte tissulaire et d'éviter l'amputation. Bien que certains patients présentent un risque élevé de syndrome coronarien aigu et d'autres complications de la revascularisation chirurgicale, l'utilisation empirique de la revascularisation coronarienne n'est pas recommandée avant la chirurgie vasculaire.
La thrombo-endartériectomie (exérèse chirurgicale d'une lésion occlusive) est indiquée pour les lésions courtes et focalisées de l'aorte et des artères iliaques, fémorales communes et/ou profondes.
Le pontage vasculaire des membres inférieurs (p. ex., pontage fémoropoplité) utilise des matériaux synthétiques ou naturels (souvent la veine saphène ou une autre veine) pour court-circuiter les lésions occlusives. Le pontage des membres inférieurs est souvent utilisé pour éviter l'amputation des membres et soulager la claudication.
La sympathectomie peut être efficace chez le patient qui ne peut subir une intervention chirurgicale vasculaire majeure, en cas d'occlusion distale causant des douleurs ischémiques sévères. Les blocs sympathiques chimiques sont aussi efficaces que la sympathectomie chirurgicale; cette dernière est donc rarement pratiquée.
L'amputation est l'intervention de dernier recours, indiquée en cas d'infection incontrôlée, de douleurs de repos continues ou de gangrène évolutive. L'amputation doit être aussi distale que possible, préservant la fonction du genou et de la cheville (si possible) pour permettre la marche continue. Si une maladie artérielle périphérique plus sévère est présente, l'amputation sous le genou est préférée à l'amputation au-dessus du genou afin que les patients puissent être envisagés pour une prothèse de membre après l'amputation (8).
Références pour le traitement
1. McDermott MM, Liu K, Guralnik JM, et al. Home-based walking exercise intervention in peripheral artery disease: a randomized clinical trial. JAMA 2013;310(1):57-65. doi:10.1001/jama.2013.7231
2. Treat-Jacobson D, McDermott MM, Bronas UG, et al. Optimal Exercise Programs for Patients With Peripheral Artery Disease: A Scientific Statement From the American Heart Association. Circulation 2019;139(4):e10-e33. doi:10.1161/CIR.0000000000000623
3. Gerhard-Herman MD, Gornik HL, Barrett C, et al: 2016 AHA/ACC Guideline on the management of patients with lower extremity peripheral artery disease. Circulation 155:e686–e725, 2017.
4. Gornik HL, Aronow HD, Goodney PP, et al. 2024 ACC/AHA/AACVPR/APMA/ABC/SCAI/SVM/SVN/SVS/SIR/VESS Guideline for the Management of Lower Extremity Peripheral Artery Disease: A Report of the American College of Cardiology/American Heart Association Joint Committee on Clinical Practice Guidelines [published correction appears in Circulation 2025 Apr 8;151(14):e918. doi: 10.1161/CIR.0000000000001329]. Circulation 2024;149(24):e1313-e1410. doi:10.1161/CIR.0000000000001251
5. Anand S, Bosch J, Eikelboom JW, et al, on behalf of the COMPASS Investigators: Rivaroxaban with or without aspirin in patients with stable peripheral or carotid artery disease: an international, randomized, double-blind, placebo controlled trial. Lancet 391(10117):218–229, 2018. doi: 10.1016/S0140-6736(17)32409-1
6. Bonaca MP, Bauersachs RM, Anand SS, et al: Rivaroxaban in peripheral artery disease after revascularization. N Engl J Med 382:1994–2004, 2020. doi: 10.1056/NEJMoa2000052
7. Hiatt WR, Bonaca MP, Patel MR, et al. Rivaroxaban and Aspirin in Peripheral Artery Disease Lower Extremity Revascularization. Circulation142 (23):2219-2230, 2020. doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.120.050465
8. Khan SZ, O'Brien-Irr MS, Rivero M, et al. Improved survival with angiotensin-converting enzyme inhibitors and angiotensin receptor blockers in chronic limb-threatening ischemia. J Vasc Surg 2020;72(6):2130-2138. doi:10.1016/j.jvs.2020.02.041
9. Mazzolai L, Teixido-Tura G, Lanzi S, et al. 2024 ESC Guidelines for the management of peripheral arterial and aortic diseases. Eur Heart J 2024;45(36):3538-3700. doi:10.1093/eurheartj/ehae179
10. Farber A. Chronic Limb-Threatening Ischemia. N Engl J Med 2018;379(2):171-180. doi:10.1056/NEJMcp1709326
11. Kullo IJ, Rooke TW. CLINICAL PRACTICE. Peripheral Artery Disease. N Engl J Med 2016;374(9):861-871. doi:10.1056/NEJMcp1507631
12. Guez D, Hansberry DR, Gonsalves CF, et al. Recent Trends in Endovascular and Surgical Treatment of Peripheral Arterial Disease in the Medicare Population. AJR Am J Roentgenol 2020;214(5):962-966. doi:10.2214/AJR.19.21967
13. Bradbury AW, Moakes CA, Popplewell M, et al. A vein bypass first versus a best endovascular treatment first revascularisation strategy for patients with chronic limb threatening ischaemia who required an infra-popliteal, with or without an additional more proximal infra-inguinal revascularisation procedure to restore limb perfusion (BASIL-2): an open-label, randomised, multicentre, phase 3 trial. Lancet 2023;401(10390):1798-1809. doi:10.1016/S0140-6736(23)00462-2
14. Farber A, Menard MT, Conte MS, et al. Surgery or Endovascular Therapy for Chronic Limb-Threatening Ischemia. N Engl J Med 2022;387(25):2305-2316. doi:10.1056/NEJMoa2207899
Points clés
La maladie artérielle périphérique se produit le plus souvent au niveau des membres inférieurs.
La plupart des patients ont également une athérosclérose cérébrale et/ou coronaire significative.
Lorsqu'elle est symptomatique, la maladie artérielle périphérique provoque une claudication intermittente, qui correspond à un inconfort au niveau des jambes et qui se produit pendant la marche et est soulagé par le repos; c'est une manifestation de l'ischémie réversible induite par l'exercice, semblable à l'angor.
Des anomalies de perfusion plus sévères liées à la maladie artérielle périphérique peuvent causer une douleur ischémique de repos, des ulcères ischémiques ou une gangrène des orteils ou ailleurs sur les pieds.
Un index cheville-bras (ratio de la pression artérielle systolique à la cheville et au bras) bas (≤ 0,90) est le signe d'une maladie artérielle périphérique des membres inférieurs.
Modifier les facteurs de risque de l'athérosclérose; administrer des statines, des médicaments antiplaquettaires, et parfois des inhibiteurs de l'ECA (enzyme de conversion de l'angiotensine), du rivaroxaban, ou du cilostazol.
La revascularisation endovasculaire et la revascularisation chirurgicale sont toutes deux des options pour les patients atteints de maladie artérielle périphérique symptomatique des membres inférieurs.
