Syndrome de Reye

(syndrome de Reye)

ParM. Cristina Victorio, MD, Akron Children's Hospital
Reviewed ByAlicia R. Pekarsky, MD, State University of New York Upstate Medical University, Upstate Golisano Children's Hospital
Vérifié/Révisé avr. 2025 | Modifié août 2025
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Le syndrome de Reye est une forme rare d'encéphalopathie aiguë et d'infiltration graisseuse du foie qui survient presque exclusivement chez l'enfant de < 18 ans. Il a tendance à survenir après certaines infections virales, en particulier la varicelle ou la grippe A ou B, et en particulier lorsque des salicylates sont pris. Le diagnostic est clinique. Le traitement est symptomatique.

La cause du syndrome de Reye est inconnue, mais de nombreux cas semblent faire suite à une infection par la grippe A ou B ou la varicelle. L'utilisation des salicylates (en général aspirine) dans une telle maladie multiplie le risque par 20 (1). Cette constatation a conduit à une diminution marquée de l'utilisation des salicylates aux États-Unis chez les enfants et les adolescents depuis le milieu des années 1980 (sauf si expressément indiqués, comme dans la maladie de Kawasaki) avec une diminution correspondante de l'incidence du syndrome de Reye.

La prévalence aux États-Unis était aussi faible que 0,2 à 1,2 cas par million avant l'an 2000; en raison de la rareté de cette affection, l'incidence annuelle n'a pas été rapportée (2, 3).

Le syndrome survient presque exclusivement chez l'enfant de < 18 ans. Aux États-Unis, la plupart des cas surviennent en fin d'automne et d'hiver.

La maladie provoque un dysfonctionnement mitochondrial, entraînant des perturbations du métabolisme des acides gras et de la carnitine. La physiopathologie et les manifestations cliniques sont similaires à un grand nombre de troubles métaboliques héréditaires du cycle de l'urée, du transport des acides gras et de l'oxydation mitochondriale (voir Introduction aux maladies héréditaires du métabolisme).

Références générales

  1. 1. Forsyth BW, Horwitz RI, Acampora D, et al. New epidemiologic evidence confirming that bias does not explain the aspirin/Reye’s syndrome association. JAMA. 1989;261:2517–2524.

  2. 2. Sullivan KM, Belay ED, Durbin RE, Foster DA, Nordenberg DF. Epidemiology of Reye's syndrome, United States, 1991-1994: comparison of CDC surveillance and hospital admission data. Neuroepidemiology. 2000;19(6):338-344. doi:10.1159/000026274

  3. 3. Belay ED, Bresee JS, Holman RC, et al. Reye's syndrome in the United States from 1981 through 1997. N Engl J Med. 1999;340(18):1377–1382. doi:10.1056/NEJM199905063401801

Symptomatologie du syndrome de Reye

La maladie varie grandement en gravité, mais est typiquement biphasique.

Les symptômes viraux initiaux (infection des voies respiratoires supérieures ou parfois varicelle) sont suivis dans les 5 à 7 jours de nausées et de vomissements pernicieux ainsi que d'un changement soudain de l'état mental. Les troubles de l'état mental peuvent aller d'une amnésie, d'une faiblesse, de troubles de la vision et de l'audition, d'intensité légère, et d'une léthargie à des épisodes intermittents de désorientation et d'agitation, qui peuvent évoluer rapidement vers un coma qui s'aggrave rapidement et se manifeste par

  • Une absence progressive de réponse aux stimuli

  • Une posture de décérébration et de décortication

  • Des convulsions

  • Une flaccidité

  • Des pupilles dilatées fixes

  • Un arrêt respiratoire

Les signes neurologiques focaux sont généralement absents.

Une hépatomégalie survient dans 40% des cas, mais sans ictère.

Complications du syndrome de Reye

Les complications comprennent les suivantes

Diagnostic du syndrome de Reye

  • Anamnèse et examen clinique compatibles avec une encéphalopathie et un dysfonctionnement hépatique

  • Examens sanguins de la fonction hépatique, électrolytes et taux d'ammoniac

  • TDM ou IRM de la tête, parfois évaluation du liquide céphalorachidien

  • La biopsie hépatique

Le syndrome de Reye doit être suspecté chez tout enfant chez qui apparaît soudainement une encéphalopathie (en l'absence d'exposition connue aux métaux lourds ou à des toxines) et des vomissements pernicieux associés à une insuffisance hépatique.

La biopsie du foie permet le diagnostic de certitude, montrant des anomalies microvésiculaires, stéatosiques, et est particulièrement utile dans les cas sporadiques et chez l'enfant de < 2 ans.

Le diagnostic peut également être porté quand des signes cliniques et une anamnèse typiques sont associés aux signes biologiques suivants: augmentation des transaminases hépatiques (ASAT, ALAT > 3 fois la normale), bilirubine normale, augmentation du niveau d'ammoniaque du sang et temps de prothrombine (temps de Quick [TQ]) allongé. Les signes de troubles métaboliques comprennent une élévation des taux sériques des acides aminés, des troubles acido-basiques (généralement avec hyperventilation, alcalose respiratoire-acidose métabolique mixte), des anomalies osmolaires, une hypernatrémie, une hypokaliémie et une hypophosphatémie.

Une TDM ou une IRM de la tête est pratiquée chez tout enfant présentant une encéphalopathie.

Si la TDM ou l'IRM de la tête sont normales, une ponction lombaire peut être effectuée. L'examen du liquide céphalorachidien montre habituellement une pression accrue, < 8 à 10 globules blancs/mcL, et des protéines normales; le taux de glutamine du LCR peut être élevé. Une hypoglycémie et une hypoglycorachie (une très faible concentration de glucose dans le LCR) sont observées dans 15% des cas, en particulier chez l'enfant de moins de 4 ans, chez qui une maladie métabolique doit être recherchée.

Le trouble est classé par stade de 1 à 5, selon la gravité des symptômes (1).

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel du coma et de la dysfonction hépatique comprend les pathologies suivantes

Des maladies telle que la stéatose idiopathique de la grossesse et la toxicité hépatique des tétracyclines peuvent donner des aspects similaires en microscopie optique.

Référence pour le diagnostic

  1. 1. Kliegman R, St. Geme J: Nelson Textbook of Pediatrics, ed. 21. Philadelphia, Elsevier, 2020.

Traitement du syndrome de Reye

  • Mesures de soutien, dont des mesures visant à abaisser l'hypertension intracrânienne

  • Habituellement, traitement de la coagulopathie

Le traitement du syndrome de Reye est un traitement de support, avec une attention particulière donnée au contrôle de la pression intracrânienne et de la glycémie, parce que la déplétion en glycogène est fréquente.

Le traitement de l'élévation de la pression intracrânienne comprend l'intubation, l'hyperventilation, la restriction hydrique à 1500 mL/m2/jour, l'élévation de la tête du lit, les diurétiques osmotiques, la surveillance directe de la pression intracrânienne, et la décompression par craniotomie.

La perfusion de dextrose à 10 ou 15% est fréquemment utilisée pour maintenir une glycémie normale.

Une coagulopathie peut exiger l'administration de plasma frais congelé ou de vitamine K.

D'autres traitements (p. ex., l'exsanguinotransfusion, l'hémodialyse, le coma barbiturique profond) n'ont pas prouvé leur efficacité, mais sont parfois utilisés.

Pronostic du syndrome de Reye

Les résultats cliniques chez les patients atteints du syndrome de Reye sont liés à la durée du dysfonctionnement cérébral, à la gravité et à la vitesse de progression du coma, à la gravité de l'augmentation de la pression intracrânienne, et à l'importance de l'élévation de l'ammoniac sanguin. Une progression du stade 1 au stade supérieur est probable lorsque la concentration sanguine initiale d'ammoniac est > 100 mcg/dL (> 60 mcmol/L) et que le temps de prothrombine (temps de Quick [TQ]) est 3 secondes à celui du témoin.

Le pronostic des survivants est habituellement bon, et les récidives sont rares. Cependant, l'incidence des séquelles neurologiques (p. ex., déficience intellectuelle, troubles convulsifs, paralysie des nerfs crâniens, troubles moteurs) peut être aussi élevée que 30% chez les survivants qui ont développé des convulsions ou une posture de décérébration au cours de la maladie.

Dans les cas mortels, le temps moyen de l'hospitalisation à la mort est de 4 jours. La mortalité est en moyenne de 21%, mais varie de < 2% chez les patients de stade 1 à > 80% chez les patients de stade 4 ou 5 (1).

Référence pour le pronostic

  1. 1. Corey L, Rubin RJ, Hattwick MA. Reye's syndrome: clinical progression and evaluation of therapy. Pediatrics. 1977;60(5):708-714.

Points clés

  • Le syndrome de Reye est une forme rare d'encéphalopathie aiguë et de dysfonctionnement hépatique qui survient presque exclusivement chez l'enfant de < 18 ans, survenant généralement après une infection virale, en particulier la varicelle ou la grippe A ou B (en particulier lors de la prise de salicylates).

  • Le diagnostic est un diagnostic d’exclusion des troubles infectieux, toxiques et métaboliques donnant les mêmes manifestations; une biopsie du foie peut permettre de le confirmer.

  • Le traitement est un traitement de support, en particulier par des mesures visant à réduire l'hypertension intracrânienne.

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