Précautions avec les médicaments en vente libre

ParShalini S. Lynch, PharmD, University of California San Francisco School of Pharmacy
Vérifié/Révisé mai 2022
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Certaines personnes, telles que les très jeunes enfants, les personnes très âgées, les malades graves et les femmes enceintes ou qui allaitent, sont plus exposées aux effets secondaires des médicaments, y compris ceux en vente libre. Lorsque ces personnes en absorbent, il est indispensable d’envisager des mesures de précaution et notamment une consultation médicale.

Avant de prendre simultanément un produit délivré sur ordonnance et un produit en vente libre, et afin d’éviter des interactions médicamenteuses dangereuses, il est nécessaire de consulter un médecin ou un pharmacien. Les personnes atteintes de troubles chroniques doivent également consulter un pharmacien ou un médecin. Les médicaments en vente libre ne sont pas destinés à traiter les troubles graves et peuvent aggraver certains troubles. Devant une réaction imprévue, telle qu’une éruption cutanée ou une insomnie, le médicament doit être arrêté immédiatement et un avis médical pris.

Enfants

L’organisme des enfants métabolise les médicaments et réagit de manière différente à celui des adultes. Un médicament peut être utilisé par de nombreuses personnes pendant des années avant que soient détectés les risques pour les enfants. Par exemple, plusieurs années se sont écoulées avant que les chercheurs confirment que le risque de syndrome de Reye était lié à l’utilisation de l’aspirine chez des enfants souffrant d’une varicelle ou d’une grippe. Les médecins et les parents sont souvent surpris lorsqu’ils apprennent que la plupart des médicaments en vente libre, même ceux qui ont des dosages préconisés pour les petits, n’ont pas été testés de manière approfondie chez les enfants. L’efficacité des produits contre la toux et le rhume n’a pas été démontrée, surtout chez les enfants, ce qui rend leur utilisation dangereuse chez ces derniers et représente un gaspillage économique.

Il peut être difficile de trouver la dose de médicament adaptée pour un enfant. Bien que les doses pédiatriques soient en général données par tranches d’âges (p. ex., chez les enfants d’âge compris entre 2 et 6 ans ou entre 6 et 12 ans), l’âge n’est pas le meilleur critère à retenir. Les enfants peuvent avoir des tailles différentes dans une même tranche d’âge, et les spécialistes conseillent donc de déterminer les doses des médicaments en vente libre en fonction du poids.

Si la notice n’apporte pas d’information précise sur la quantité de médicament à administrer à l’enfant, les parents ne doivent pas choisir la dose arbitrairement. En cas de doute, les parents doivent consulter un pharmacien ou un médecin. Une telle consultation peut éviter que les enfants ne prennent un médicament dangereux ou une dose dangereusement élevée d’un médicament pouvant s’avérer utile.

De nombreux médicaments pour enfants sont disponibles sous forme liquide. Bien que la notice ait l’obligation de fournir des consignes posologiques précises, les enfants peuvent recevoir une dose erronée si les adultes qui en ont la charge utilisent une cuillère à café ordinaire. Seules les mesurettes (qui se trouvent en général dans la boîte du médicament) sont suffisamment précises pour mesurer les doses pédiatriques des formulations liquides. Toutefois, une cuillère de mesure cylindrique s’avère bien meilleure pour mesurer une dose d’enfant et une seringue orale est préférable pour mesurer une quantité précise et la transférer dans la bouche des nourrissons. Il faut toujours penser à enlever le bouchon en utilisant une telle seringue. Les enfants peuvent s’étouffer si le capuchon est accidentellement propulsé dans la trachée. Parfois, les médicaments destinés aux enfants sont fournis avec un instrument de dosage. Le cas échéant, l’instrument disponible dans la boîte doit être utilisé pour mesurer la dose appropriée.

De nombreux médicaments pour enfants sont disponibles sous plusieurs présentations. Les adultes doivent lire soigneusement la notice chaque fois qu’ils administrent un nouveau médicament à un enfant.

Médicaments en vente libre contre la toux et le rhume chez les enfants

Les enfants sont particulièrement sujets aux épisodes de toux et aux rhumes, et les symptômes de ces troubles peuvent beaucoup les gêner. Les parents et les soignants souhaitent donc soulager ces symptômes et aider les enfants à se sentir mieux. Cependant, il n’y a eu que quelques études menées chez les enfants de moins de 4 ans sur l’efficacité et la sécurité des produits contre la toux et le rhume.

Les personnes ne doivent pas donner de produits contre la toux et le rhume en vente libre aux enfants de moins de 4 ans, sauf si un médecin leur prescrit et leur donne des instructions spécifiques sur la dose à prendre.

Les soignants doivent veiller à n’utiliser que des produits formulés pour l’âge et le poids des enfants.

Personnes âgées

Le vieillissement normal modifie la vitesse et la manière dont l’organisme métabolise les médicaments (voir Vieillissement et médicaments), et les personnes âgées ont tendance à souffrir de plus de maladies et à recevoir plusieurs médicaments en même temps. Pour ces raisons, les personnes âgées ont plus de risque de présenter des effets secondaires et des interactions médicamenteuses que les personnes plus jeunes. De plus en plus de notices de médicaments délivrés sur ordonnance mentionnent quand des doses différentes sont nécessaires chez les personnes âgées. Ces informations sont rarement présentes sur les notices des médicaments en vente libre.

Bon nombre de médicaments en vente libre peuvent être dangereux pour les personnes âgées. et le risque augmente lorsque les médicaments sont administrés régulièrement à la posologie maximale. Par exemple, les personnes âgées atteintes d’arthrite peuvent avoir fréquemment recours à un antalgique ou à un anti-inflammatoire, avec des conséquences potentiellement graves telles qu’un ulcère gastroduodénal hémorragique. Cette ulcération est potentiellement mortelle, même en l’absence de signes précurseurs.

Nombre d’antihistaminiques, tels que la diphénhydramine, sont considérés comme des « sédatifs » et peuvent entraîner des risques particuliers chez les personnes âgées. Ils sont à la base de nombreuses médications antalgiques, antitussives, contre le rhume, antiallergiques et des somnifères. Ces antihistaminiques peuvent provoquer somnolence ou fatigue et peuvent aggraver quelques troubles fréquents chez les personnes âgées, tels que le glaucome à angle fermé et l’hypertrophie de la prostate. Ils peuvent en outre provoquer des vertiges ou des troubles de l’équilibre occasionnant chutes et fractures osseuses. Chez les personnes âgées, des antihistaminiques, principalement à doses élevées, ou en association avec d’autres médicaments, peuvent parfois provoquer un flou visuel, des vertiges, une sécheresse de la bouche, des troubles de la miction, de la constipation ou une confusion mentale. La fexofénadine, la cétirizine, et la loratadine sont considérées comme des antihistaminiques « non sédatifs » et sont moins susceptibles de provoquer des somnolences ou d’autres effets secondaires.

Les personnes âgées peuvent être plus sujettes aux effets secondaires des antiacides. Les antiacides à base d’aluminium sont le plus souvent la cause de constipation, tandis que les antiacides à base de magnésium entraînent surtout diarrhées et déshydratation.

Lors de la consultation chez le médecin, les personnes âgées doivent indiquer tous les produits en vente libre qu’elles prennent, y compris les vitamines, les sels minéraux et les produits à base de plantes médicinales. Ce type d’information aide le médecin à apprécier globalement le traitement médicamenteux en cours et à déterminer l’éventuelle responsabilité d’un produit en vente libre dans la survenue de certains symptômes.

Reconnaître les antihistaminiques sédatifs

De nombreux types de médicaments en vente libre (tels que les remèdes contre le rhume et la toux, les médicaments contre le mal des transports et les somnifères) contiennent des antihistaminiques. Beaucoup d’entre eux (à savoir, les antihistaminiques sédatifs) diminuent l’attention, ont de nombreux autres effets secondaires et peuvent être dangereux chez les personnes qui souffrent de certains troubles. Il est donc utile de reconnaître les produits qui contiennent ces antihistaminiques. Les antihistaminiques en vente libre sont cités à la rubrique principes actifs dans la notice. Les antihistaminiques entraînant ces effets secondaires incluent :

  1. Bromphéniramine

  2. Chlorphéniramine

  3. Dexbromphéniramine

  4. Diménhydrinate

  5. Diphénhydramine

  6. Doxylamine

  7. Phénindamine

  8. Phéniramine

  9. Pyrilamine

  10. Triprolidine

Grossesse et allaitement

Les médicaments peuvent passer de la femme enceinte au fœtus (principalement par le placenta, voir Administration de médicaments pendant la grossesse) et de la mère au nourrisson (par le lait maternel). Certains de ces médicaments peuvent être nocifs pour le fœtus ou l’enfant. Ainsi, pendant la grossesse et l’allaitement, les femmes doivent consulter leur médecin ou leur pharmacien avant de prendre tout médicament en vente libre ou plante médicinale en vente libre. Il est de toute façon nécessaire de consulter les notices des médicaments en vente libre, car elles peuvent contenir des mises en garde contre l’utilisation au cours de la grossesse ou de l’allaitement.

Certaines catégories de produits sont particulièrement problématiques. On y retrouve les antihistaminiques (en général présents dans les produits contre la toux et le rhume, les antiallergiques, les médicaments contre les cinétoses et les somnifères) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Les AINS ne doivent pas être employés dans les 3 derniers mois de la grossesse, sauf avis médical contraire, car ils peuvent avoir un effet néfaste sur le fœtus ou induire des complications lors de l’accouchement.

Personnes qui souffrent de troubles chroniques

De nombreux troubles chroniques peuvent s’aggraver si un produit en vente libre n’est pas pris de façon correcte. Les médicaments en vente libre étant indiqués surtout en cas d’utilisation occasionnelle pour des personnes globalement en bonne santé, il est préférable que les personnes atteintes de troubles chroniques ou graves qui envisagent d’en prendre au quotidien consultent leur médecin avant de les acheter. Dans de tels cas, l’utilisation d’un médicament se situe hors du champ de l’automédication et nécessite l’avis d’un spécialiste.

Tableau

Interactions médicamenteuses

De nombreuses personnes négligent de parler à leur médecin ou à leur pharmacien des médicaments en vente libre qu’elles utilisent. Les médicaments pris occasionnellement, tels que ceux contre le rhume, la constipation ou encore les maux de tête intermittents, sont encore moins fréquemment mentionnés. Il peut arriver, au moment de prescrire une ordonnance ou de délivrer un médicament prescrit, que les professionnels de la santé oublient de poser des questions sur l’utilisation éventuelle de produits en vente libre ou de plantes médicinales. Pourtant, nombre de ceux-ci peuvent interagir défavorablement avec une grande variété de médicaments (voir Interactions médicamenteuses).

Certaines de ces interactions peuvent être graves, compromettre l’efficacité d’un médicament ou avoir des effets secondaires. Par exemple, une association entre l’aspirine et les anticoagulants, tels que la warfarine, peut augmenter le risque d’hémorragie anormale. Un antiacide à base d’aluminium ou de magnésium peut diminuer l’absorption de la digoxine, utilisée en cas d’insuffisance cardiaque. Certains suppléments alimentaires à base de vitamines et de sels minéraux peuvent interférer avec l’action de médicaments vendus sur ordonnance médicale. Par exemple, la tétracycline, un antibiotique, peut être inefficace si elle est ingérée avec un produit contenant du calcium, du magnésium ou du fer.

Les interactions médicamenteuses avec les produits en vente libre n’ont pas été étudiées de façon systématique. De nombreuses interactions graves ont été découvertes par hasard, après qu’ont été rapportés des effets indésirables ou des décès. Même quand une notice de produit en vente libre comporte des indications d’éventuelles interactions, ces informations restent souvent incompréhensibles par la plupart des personnes. Par exemple, les notices de certains produits contre le rhume qui contiennent de la pseudoéphédrine recommandent de ne pas associer ceux-ci à des inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO : utilisés dans le traitement de la dépression et de certains autres troubles médicaux) ou dans les 2 semaines qui suivent leur arrêt. Pour la majorité des personnes, qui ignorent que leur antidépresseur est un IMAO (tel que la phénelzine et la tranylcypromine), cet avertissement important ne servira à rien.

La meilleure manière de réduire le risque d’interactions médicamenteuses est de demander l’aide du pharmacien. De plus, le médecin doit avoir connaissance de tous les médicaments pris, qu’ils soient prescrits ou en vente libre.

Effet additif

Un autre problème potentiel est celui de l’effet additif. Des produits en vente libre utilisés pour traiter différents troubles peuvent contenir le même principe actif. Si l’on ne prend pas la précaution de lire les étiquettes des médicaments, le risque de recevoir accidentellement une dose excessive d’un même principe actif est réel. Par exemple, les personnes qui prennent en même temps un somnifère et un produit contre le rhume, tous deux à base de diphénhydramine, peuvent recevoir le double de la dose préconisée. De nombreux produits contiennent du paracétamol. En cas de prise simultanée de deux produits différents à base de paracétamol, un pour les maux de tête et l’autre contre les allergies ou des troubles des sinus, on peut dépasser la dose recommandée.

Informations supplémentaires

Il s’agit d’une ressource en anglais qui peut être utile. Veuillez noter que LE MANUEL n’est pas responsable du contenu de cette ressource.

  1. Produits en vente libre et compléments alimentaires : Site de signalement des événements indésirables associés à l’utilisation de médicaments en vente libre (over-the-counter, OTC) et de compléments alimentaires.

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