La maladie pulmonaire d'origine médicamenteuse n'est pas un trouble unique, mais plutôt un spectre de troubles pulmonaires causés par des réactions indésirables à divers médicaments ou substances. Les patients sans antécédents de maladie pulmonaire peuvent développer des symptômes respiratoires, des anomalies à la radiographie de thorax, une détérioration de la fonction pulmonaire, des modifications histologiques, ou plusieurs de ces signes en association avec un traitement médicamenteux ou la prise de drogues illicites. Plus de 150 médicaments ou substances ont été signalés comme responsables d'une maladie pulmonaire; le mécanisme est rarement connu, mais on pense que de nombreux médicaments favorisent une réaction d'hypersensibilité. Certains médicaments (p. ex., la nitrofurantoïne) peuvent provoquer des aspects différents de lésions chez différents patients.
Selon le médicament ou la substance, les syndromes induits peuvent provoquer une fibrose interstitielle, une pneumopathie organisée, un asthme, un œdème pulmonaire non cardiogénique, des épanchements pleuraux, une éosinophilie pulmonaire, une hémorragie pulmonaire ou une maladie veino-occlusive (voir tableau Substances à effets toxiques pulmonaires).
Substances à effets toxiques pulmonaires
Maladie | Médicament ou substance* |
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Aspirine, bêta-bloqueurs (p. ex., timolol), cocaïne, dipyridamole, IV hydrocortisone (rarement chez les patients sensibles à l'aspirine et asthmatiques), interleukine-2, méthylphénidate, nitrofurantoïne, protamine, sulfasalazine, alcaloïdes de la vinca (avec la mitomycine) | |
Pneumopathie organisée | Amiodarone, bléomycine, inhibiteurs de point de contrôle (checkpoint inhibitors), cocaïne, cyclophosphamide, méthotrexate, minocycline, mitomycine, pénicillamine, sulfasalazine, tétracycline |
Azathioprine plus mercaptopurine, busulfan, fluoxétine, méthotrexate, radiations | |
Pneumonie interstitielle ou fibrose interstitielle | Amphotéricine B, bléomycine, busulfan, carbamazépine, inhibiteurs de point de contrôle (checkpoint inhibitors), chlorambucil, cocaïne, cyclophosphamide, phénytoïne, flécaïnide, héroïne, melphalan, méthotrexate, méthylphénidate, huile de paraffine (via micro-inhalation chronique), nitrofurantoïne, nitroso-urées, procarbazine, silicone (injection sous-cutanée), tocaïnide, alcaloïdes de la vinca (avec de la mitomycine) |
Œdème pulmonaire non cardiaque | Agonistes bêta-adrénergiques (p. ex., ritodrine, terbutaline), chlordiazépoxide, cocaïne, cytarabine, huile éthiodizée (IV et par micro-inhalation chronique), gemcitabine, héroïne, hydrochlorothiazide, méthadone, mitomycine, phénothiazines, protamine, sulfasalazine, médicaments tocolytiques (p. ex., terbutaline), antidépresseurs tricycliques, tumor necrosis factor, alcaloïdes de la vinca (avec de la mitomycine) |
Hémorragie parenchymateuse | Anticoagulants, azathioprine plus mercaptopurine, cocaïne, huile de paraffine (par micro-inhalation chronique), nitrofurantoïne, rayonnements |
Amiodarone, anticoagulants, bléomycine, bromocriptine, busulfan, inhibiteurs de point de contrôle, granulocyte-macrophage colony-stimulating factor (GM-CSF), interleukine-2, méthotrexate, mitomycine, nitrofurantoïne, acide para-aminosalicylique, procarbazine, radiations, médicaments tocolytiques (p. ex., terbutaline) | |
Amiodarone, amphotéricine B, bléomycine, carbamazépine, inhibiteurs de point de contrôle (checkpoint inhibitors), cocaïne, phénytoïne, éthambutol, étoposide, granulocyte-macrophage colony-stimulating factor (GM-CSF), isoniazide, méthotrexate, minocycline, mitomycine, nitrofurantoïne, acide para-aminosalicylique, procarbazine, rayonnements, sulfasalazine, sulfamides, tétracycline, trazodone | |
Maladies vasculaires pulmonaires | Anorexigènes (p. ex., fenfluramine, phentermine), busulfan, cocaïne, héroïne, méthylphénidate, nitroso-urées |
Yavordios S, Beltramo G, Freppel R, et al. Diffuse lung diseases ascribed to drugs: a nationwide observational study over 37 years using the French Pharmacovigilance Database. Eur Respir J 2025;65(2):2400756. doi:10.1183/13993003.00756-2024 | |
* Pour une liste complète des médicaments qui ont une toxicité pulmonaire, voir The Drug-Induced Respiratory Disease Website. | |
Le diagnostic repose sur l'observation de l'évolution des symptômes à l'arrêt du médicament et, si possible cliniquement, sur l'observation des symptômes après réintroduction du médicament suspecté.
Traitement de la maladie pulmonaire induite par les médicaments
Arrêt du médicament ou de la substance
La prise en charge implique l'arrêt de l'agent responsable.
Prévention des maladies pulmonaires induites par les médicaments
Un test d'évaluation de la fonction pulmonaire, une imagerie thoracique, ou les deux sont généralement effectués chez les patients qui commencent ou reçoivent actuellement des médicaments associés à une toxicité pulmonaire; cependant, les avantages du dépistage d'une maladie pulmonaire sous-jacente ou de la surveillance pour la détection précoce d'une toxicité n'ont pas été prouvés. En général, il est conseillé de limiter l'utilisation d'agents avec risque de toxicité pulmonaire.
