Paragonimose

(Maladie de la douve du poumon; hémoptysie endémique)

ParChelsea Marie, PhD, University of Virginia;
William A. Petri, Jr, MD, PhD, University of Virginia School of Medicine
Reviewed ByChristina A. Muzny, MD, MSPH, Division of Infectious Diseases, University of Alabama at Birmingham
Vérifié/Révisé Modifié sept. 2025
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La paragonimose est une infestation provoquée par la douve du poumon, Paragonimus westermani et par les espèces apparentées. L'homme s'infecte en consommant des crustacés d'eau douce crus, saumurés ou insuffisamment cuits. La plupart des infections sont asymptomatiques, mais des symptômes pulmonaires peuvent survenir, dont une toux chronique, des douleurs thoraciques, une dyspnée et une hémoptysie. Les douves ectopiques peuvent provoquer des réactions allergiques cutanées et des anomalies du système nerveux central, dont des convulsions, une aphasie, une parésie et des troubles visuels. Le diagnostic repose sur l'identification des œufs dans l'expectoration, les selles ou le liquide pleural ou péritonéal. Des tests sérologiques sont également disponibles. Le praziquantel est le traitement de choix.

Les trématodes sont des plathelminthes parasites qui infestent différentes parties du corps (p. ex., les vaisseaux sanguins, l'appareil digestif, les poumons, le foie) en fonction des espèces.

Bien que > 30 espèces de Paragonimus existent et que 10 puissent infester l'espèce humaine, P. westermani est la cause la plus fréquente de la maladie (1, 2).

Les zones d'endémies les plus importantes se trouvent en Asie, principalement en Corée, Japon, Taïwan, dans les hautes terres de la Chine et aux Philippines. Des foyers d'endémies d'autres Paragonimus espèces existent en Afrique de l'Ouest et centrale (P. africanus) et dans certaines parties de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale (P. mexicanus). P. kellicotti a été cause d'infection chez l'homme en Amérique du Nord.

Physiopathologie de la paragonimose

Les œufs émis dans l'expectoration ou les selles évoluent en 2 à 3 semaines dans l'eau douce avant de libérer des miracidiums (premier stade larvaire). Les miracidiums envahissent les escargots; où ils se développent, se multiplient et sont enfin libérés sous forme de cercaires (larves libres et mobiles dans l'eau). Les cercaires pénètrent dans les crabes ou les crevettes d'eau douce et s'enkystent pour former des métacercaires. Les humains s'infectent en mangeant des crustacés crus, salés, marinés, fumés ou insuffisamment cuits, ingérant ainsi par inadvertance des métacercaires. Les métacercaires s'excystent alors dans le tube digestif de l'homme, pénètrent la paroi intestinale, gagnent le péritoine, migrent à travers le diaphragme, dans la cavité pleurale; puis dans le tissu pulmonaire, où elles deviennent encapsulées et poursuivent leur maturation jusqu'à atteindre le stade de vers adultes hermaphrodites, qui produisent des œufs. Les vers adultes grandissent pour atteindre environ 7,5 à 12 mm par 4 à 6 mm. À partir des poumons, les œufs sortent du corps dans des expectorations qui sont crachées ou avalées et passent dans les selles.

Les vers peuvent également atteindre le cerveau, le foie, les ganglions lymphatiques, la peau et la moelle épinière et s'y développer. Cependant, dans ces organes, le cycle évolutif ne peut s'achever car les œufs n'ont aucun moyen de sortir du corps. Les trématodes adultes peuvent vivre pendant 20 à 25 ans.

Les autres hôtes sont les porcs, les chiens et de nombreuses espèces félines.

Symptomatologie de la paragonimose

La plupart des personnes atteintes de paragonimiase sont asymptomatiques. Au cours de la phase aiguë de l'infection, caractérisée par l'invasion et la migration des douves, une diarrhée, des douleurs abdominales, de la fièvre, de la toux, une urticaire, une hépatosplénomégalie, des anomalies pulmonaires et une éosinophilie peuvent se développer.

A la phase chronique, le poumon est l'organe le plus atteint, mais d'autres organes peuvent également être atteints. L'infestation pulmonaire se développe lentement et se manifeste par une toux chronique, une douleur thoracique, une expectoration de crachats, une hémoptysie et une dyspnée; le tableau clinique ressemble souvent à celui de la tuberculose ou du syndrome de Löffler et est confondu avec ces derniers. Des épanchements pleuraux peuvent être présents.

Les infestations cérébrales provoquent des lésions expansives, souvent dans l'année suivant le début de l'affection pulmonaire. Elles induisent convulsions, une aphasie, une parésie et des troubles de la vision.

Des lésions cutanées migratrices allergiques similaires à celles des larva migrans cutanées (gonflements sous-cutanés indolores de tailles variables, ou nodules fermes et douloureux, contenant tous deux des douves immatures) sont fréquentes dans les infections à P. skrjabini mais sont également observées chez d'autres espèces.

Diagnostic de la paragonimose

  • Examen microscopique des crachats et des selles

  • Tests sérologiques pour détecter les anticorps

  • Parfois, imagerie (radiographies et TDM thoraciques)

Le diagnostic de paragonimose repose sur l'identification de grands œufs operculés caractéristiques dans l'expectoration ou dans les selles. Parfois, les œufs peuvent être retrouvés dans le liquide pleural, le liquide de lavage bronchoalvéolaire ou le liquide péritonéal. Les œufs peuvent être difficiles à identifier dans les expectorations ou les selles car ils sont libérés par intermittence et en petit nombre. Les techniques de concentration augmentent la sensibilité.

Les tests sérologiques de détection des anticorps sont utiles dans les infections légères et dans le diagnostic de la paragonimiase extrapulmonaire. Les difficultés techniques et la réactivité croisée potentielle du test de fixation du complément original ont conduit au développement de dosages immunoenzymatiques (EIA) en remplacement; cependant le test de fixation du complément peut être encore utilisé dans certaines régions. Aux États-Unis, un test immunoblot avec antigène de P. westermani est disponible auprès du CDC.

Les radiographies fournissent des informations complémentaires mais ne sont pas diagnostiques; les radiographies thoraciques et la TDM peuvent montrer un infiltrat diffus, des nodules, des lésions en anneau, des cavitations, des opacités linéaires, des abcès pulmonaires, un épanchement pleural et/ou un pneumothorax.

Traitement de la paragonimose

  • Praziquantel

  • Triclabendazole

Le praziquantel par voie orale 3 fois/jour pendant 2 jours est le médicament de choix en cas de paragonimose. Le praziquantel est également utilisé dans le traitement des infestations extra-pulmonaires, mais dans ce cas il est parfois nécessaire de répéter les traitements.

Dans le cas des infections cérébrales, un cycle court de glucocorticoïdes peut être administré avec le praziquantel pour réduire la réponse inflammatoire induite par les douves mourantes.

Le triclabendazole est un traitement acceptable dans les régions où il est disponible; il est dosé par voie orale 1 fois en postprandial ou, pour les infections graves, 2 doses en postprandial à 12 heures d'intervalle.

L'exérèse chirurgicale des lésions cutanées ou plus rarement des kystes cérébraux est parfois nécessaire.

La meilleure prévention consiste à éviter la consommation de crustacés (p. ex., crabes d'eau douce et écrevisses) crus, salés, marinés, fumés ou peu cuits, provenant des eaux des régions d'endémies.

Références

  1. 1. Centers for Disease Control and Prevention: DPDx–Laboratory Identification of Parasites of Public Health Concern: Paragonimiasis. June 6, 2024. Accessed July 2, 2025.

  2. 2. World Health Organization: Neglected tropical diseases: Paragonimiasis. July 28, 2020. Accessed July 2, 2025.

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