Schistosomiase

(Bilharziose)

ParChelsea Marie, PhD, University of Virginia;
William A. Petri, Jr, MD, PhD, University of Virginia School of Medicine
Vérifié/Révisé sept. 2023
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Les faits en bref

La schistosomiase (bilharziose) est une infection due à certains vers plats (douves), appelés les schistosomes.

  • La schistosomiase est contractée en nageant ou en se baignant dans des eaux douces contaminées par des douves.

  • Cette infection peut être responsable d’une éruption cutanée prurigineuse, puis, après plusieurs semaines, d’une fièvre, de frissons, de douleurs musculaires, d’une fatigue, des nausées, des douleurs abdominales et, plus tard, d’autres symptômes en fonction de l’organe affecté.

  • L’identification des œufs dans un échantillon des selles confirme le diagnostic de schistosomiase.

  • L’infection est traitée avec du praziquantel.

Les douves sont des vers plats parasitaires. Il existe de nombreuses espèces de douves. Différentes espèces ont tendance à infecter différentes parties de l’organisme. La schistosomiase est le type le plus courant d’infection par une douve. Elle touche plus de 200 millions de personnes dans les régions tropicales et subtropicales d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie. (Voir aussi Présentation des infections parasitaires.)

Cinq schistosomes deviennent des douves adultes chez l’homme et représentent la plupart des cas de schistosomiase :

  • Schistosoma hematobium infecte les voies urinaires (y compris la vessie). Cette espèce est largement répandue sur le continent africain et est présente dans certaines régions du Moyen-Orient, de Turquie et d’Inde.

  • Schistosoma mansoni, Schistosoma japonicum, Schistosoma mekongi et Schistosoma intercalatum infectent les intestins et le foie. Schistosoma mansoni est très répandu en Afrique et est le seul schistosome de l’hémisphère ouest (dans des régions d’Amérique du Sud et des Caraïbes). Schistosoma japonicum et Schistosoma mekongi sont présents en Asie et en Asie du Sud-est. Schistosoma intercalatum est présent en Afrique centrale et de l’Ouest.

Aucune de ces cinq espèces de Schistosoma n’est responsable de la schistosomiase chez les personnes qui vivent au Canada ou aux États-Unis, y compris Puerto Rico, où la schistosomiase était autrefois endémique.

La schistosomiase est contractée en nageant, en pataugeant ou en se baignant dans des eaux douces contaminées par la forme libre du parasite.

Une personne infectée expulse les œufs de schistosome dans les selles ou l’urine. Dans l’eau, les œufs libèrent des larves immatures (appelées miracidia), qui pénètrent dans des types spécifiques d’escargots aquatiques, se multiplient et arrivent à maturité pour former des cercaires, qui peuvent nager. Les cercaires sont libérées pour nager librement dans l’eau. Au contact d’un être humain, ils creusent un trou dans la peau, puis migrent dans la circulation sanguine jusqu’au foie où ils parviennent à maturité. Les formes adultes migrent pour atteindre leur destination finale dans les petites veines de la vessie ou des intestins (selon l’espèce), où elles vivent en moyenne 3 à 10 ans. Les schistosomes adultes pondent une très grande quantité d’œufs dans les parois des intestins ou de la vessie. Ces œufs provoquent des lésions au niveau des tissus ainsi qu’une inflammation, entraînant parfois l’apparition d’ulcérations, d’hémorragie et la formation d’un tissu cicatriciel. Quelques œufs passent dans les selles ou les urines. Si les urines ou les selles d’une personne infectée sont en contact avec des eaux douces, les œufs éclosent, libérant des larves immatures, qui colonisent les escargots : c’est le début d’un nouveau cycle.

Cycle de vie de Schistosoma

  1. 1. Chez l’homme, les œufs de schistosome sont éliminés dans les selles ou dans l’urine et se retrouvent ensuite dans l’eau.

  2. 2. Dans l’eau, les œufs éclosent et libèrent des larves de schistosome immature (appelées miracidiums).

  3. 3. Les miracidiums peuvent nager et pénétrer dans l’organisme d’un escargot.

  4. 4–5. À l’intérieur de l’escargot, les miracidiums se transforment en sporocystes, puis deviennent des cercaires, forme dotée d’une queue fourchue, capable de nager dans l’eau. Les cercaires sont libérées de l’escargot dans l’eau et pénètrent la peau d’une personne qui se trouve dans l’eau.

  5. 6. Au moment de la pénétration de la peau, les cercaires perdent leur queue et deviennent des schistomosules. Les schistosomules migrent ensuite jusqu’au foie, où elles atteignent la maturité.

  6. 7. Les vers mâles et femelles forment des couples et migrent jusqu’aux veines de l’intestin ou de la vessie (selon les espèces). Ils restent alors à cet endroit et les femelles commencent à pondre.

Schistosoma mansoni et Schistosoma japonicum se logent typiquement dans les petites veines des intestins. Certains œufs essaiment vers le foie par l’intermédiaire de la circulation sanguine. L’inflammation qui en résulte produit une fibrose cicatricielle à l’origine d’une augmentation de la pression dans la veine qui transporte le sang entre le tube digestif et le foie (veine porte). L’augmentation de la pression dans la veine porte (hypertension portale) peut occasionner une hypertrophie de la rate (augmentation de volume) et des hémorragies des veines de l’œsophage.

Les œufs de Schistosoma hematobium se logent typiquement dans la vessie, provoquant parfois des ulcérations, la présence de sang dans les urines suite à des hémorragies, et la formation d’un tissu cicatriciel. L’infection à Schistosoma hematobium augmente les risques de cancer de la vessie.

Dans tous les types de schistosomiases, d’autres organes peuvent être atteints (tels que les poumons, la moelle épinière et le cerveau). Les œufs qui atteignent les poumons sont responsables d’une inflammation et d’une augmentation de la tension artérielle au niveau des artères pulmonaires (hypertension pulmonaire), ce qui peut entraîner un type d’insuffisance cardiaque appelée cœur pulmonaire.

Les schistosomes adultes vivent en moyenne 3 à 10 ans, mais parfois plus longtemps. Les femelles font entre 1/4 à 3/4 de pouce de long environ. Les mâles sont légèrement plus petits.

Prurit du nageur

Certaines espèces de schistosomes infectent normalement les oiseaux et les mammifères plutôt que l’homme. Cependant, parfois, les cercaires de ces espèces pénètrent la peau des humains. Comme ces schistosomes ne vivent et ne se développent normalement pas chez l’homme, ils sont incapables de migrer de la peau aux autres organes et parvenir à maturité en douves adultes. Par conséquent, ils n’affectent que la peau, provoquant des démangeaisons intenses (parfois appelées le prurit du nageur). Certaines de ces espèces de Schistosoma, contrairement aux cinq espèces à l’origine de la schistosomiase, sont présentes aux États-Unis et au Canada.

Symptômes de la schistosomiase

La plupart des personnes souffrant d’une schistosomiase sont asymptomatiques. Mais quand les schistosomes pénètrent initialement la peau, une éruption cutanée prurigineuse peut se développer au site de pénétration.

Environ 2 à 4 semaines plus tard, mais potentiellement jusqu’à 12 semaines plus tard (quand les douves adultes commencent à pondre), certaines personnes développent une schistosomiase aiguë accompagnée d’éruption cutanée, fièvre, frissons, toux, douleurs musculaires, fatigue, vague malaise, nausées et douleurs abdominales. Les ganglions lymphatiques peuvent temporairement augmenter de volume avant de revenir à la normale. Ce groupe de symptômes est appelé fièvre de Katayama.

Si l’infection se prolonge (ce que l’on appelle schistosomiase chronique), l’organisme déclenche une réponse inflammatoire aux œufs, ce qui entraîne d’autres symptômes et la formation de tissus cicatriciels. Les symptômes dépendent des organes touchés :

  • En cas d’infection chronique des vaisseaux sanguins des intestins : gêne abdominale, douleur et hémorragie (vue dans les selles), pouvant être responsable d’une anémie

  • En cas d’atteinte du foie et d’augmentation de la pression dans la veine porte (hypertension portale) : Augmentation du volume de la rate et du foie

  • En cas d’infection chronique de la vessie : Douleurs, mictions fréquentes, présence de sang dans les urines et augmentation du risque de cancer de la vessie

  • En cas d’infection chronique des voies urinaires : L’inflammation et, finalement, la formation de tissus cicatriciels peuvent obstruer les uretères (tube qui relie le rein à la vessie), entraînant parfois une accumulation de l’urine et des lésions rénales.

  • En cas d’infection chronique du cerveau ou de la moelle épinière (rare) : Convulsions, faiblesse musculaire ou paralysie

  • En cas d’infection chronique des poumons : Hypertension artérielle dans les poumons (appelée hypertension pulmonaire) et essoufflements, vertiges et douleur thoracique due à un type d’insuffisance cardiaque appelé cœur pulmonaire

  • Si les organes génitaux sont infectés chez la femme : Peut impliquer la vulve, le vagin et le col de l’utérus ainsi que les trompes de Fallope et peut entraîner des saignements vaginaux pendant les rapports sexuels et les examens pelviens (gynécologiques), des douleurs pendant les rapports sexuels, une stérilité, une grossesse extra-utérine, une fausse couche et un risque accru d’infection par le VIH (en cas d’exposition au virus)

  • Si les organes génitaux sont infectés chez l’homme : Peut impliquer l’épididyme, les testicules, le cordon spermatique ou la prostate et peut entraîner des douleurs pelviennes, coïtales ou éjaculatrices, la présence de sang dans le sperme (hématospermie), un gonflement anormal des organes génitaux et une stérilité

Diagnostic de la schistosomiase

  • Examen d’échantillons de selles, d’urine, ou parfois de tissu provenant de l’intestin ou de la vessie

  • Parfois, analyses de sang

Une schistosomiase est suspectée lorsque la personne ayant voyagé dans des régions où la schistosomiase est endémique ou ayant immigré depuis ces régions rapporte des symptômes caractéristiques et qu’elle a nagé ou est entrée dans de l’eau douce.

La confirmation du diagnostic de schistosomiase est faite par la recherche des œufs dans les selles ou les urines. Généralement, plusieurs échantillons sont nécessaires. Si l’on ne trouve pas d’œufs dans les selles ou l’urine, mais que les symptômes et les circonstances suggèrent une schistosomiase, le médecin prélève parfois un échantillon de tissu de l’intestin ou de la vessie pour l’examiner au microscope afin d’y rechercher des œufs. Les selles ou l’urine ne contiennent pas d’œufs au début de l’infection, autrement dit peu de temps après la pénétration des parasites dans la peau ou pendant la phase aiguë de la schistosomiase (fièvre de Katayama).

Des analyses de sang peuvent être réalisées pour déterminer si la personne a été infectée par Schistosoma mansoni ou par une autre espèce, mais ces analyses n’indiquent pas quelle est la gravité de l’infection, depuis combien de temps la personne a été contaminée, ou la présence de vers adultes. Chez les personnes qui ne vivent pas dans des zones endémiques, des analyses de sang doivent être réalisées 6 à 8 semaines après la dernière exposition à l’eau douce dans les régions où la schistosomiase est présente. Avec la fièvre de Katayama, les personnes présentent souvent une augmentation du nombre des éosinophiles, un type de globules blancs.

Une fois la schistosomiase diagnostiquée, on évalue fréquemment la gravité de la maladie au niveau des voies urinaires ou du foie en faisant une échographie. Sinon, une tomodensitométrie (TDM) ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) peut être réalisée.

Traitement de la schistosomiase

  • Praziquantel (antiparasitaire)

Pour le traitement de la schistosomiase, 2 ou 3 doses de praziquantel sont prises par voie orale sur une journée, selon l’espèce de Schistosoma à l’origine de l’infection. Si les selles ou l’urine contenaient initialement des œufs vivants, les médecins peuvent contrôler de nouveau les échantillons 1 à 2 mois plus tard pour déterminer si le traitement était efficace. Si des œufs vivants sont encore présents, le traitement par praziquantel est renouvelé.

Le praziquantel tue efficacement les schistosomes adultes, mais pas les formes immatures, qui sont présentes au début de l’infection. Ainsi, pour les voyageurs, le traitement par praziquantel est retardé pendant 6 à 8 semaines après que les personnes ont été exposées pour la dernière fois au parasite, afin de donner aux formes immatures le temps de devenir adultes.

Si les symptômes de schistosomiase aiguë (fièvre de Katayama) sont sévères, des corticoïdes peuvent être efficaces. Après disparition des symptômes de schistosomiase aiguë, qui prend généralement environ 5 jours, du praziquantel est pris pour tuer les schistosomes adultes et est repris 4 à 6 semaines, lorsque les formes immatures de schistosomes restantes sont devenues adultes.

Les personnes atteintes du prurit du nageur n’ont pas besoin de prendre de médicaments pour tuer les schistosomes. Des compresses fraîches, du bicarbonate de soude, des lotions antiprurigineuses et/ou des crèmes ou pommades à base de corticoïdes peuvent être utilisés pour soulager les démangeaisons intenses.

Prévention de la schistosomiase

Une prévention efficace de la schistosomiase passe par les mesures suivantes :

  • Éviter de nager, de se baigner ou de patauger dans des plans d’eau douce où la présence de schistosomes est connue

  • Utiliser des latrines ou des toilettes pour la miction et la défécation

  • Utiliser des substances chimiques qui tuent les escargots (molluscicides) dans les réserves d’eau douce connues pour contenir des schistosomes

L’eau douce utilisée pour le bain doit être bouillie pendant au moins 1 minute, puis refroidie avant utilisation. Toutefois, l’eau conservée dans un réservoir pendant au moins 1 à 2 jours doit être sûre, même sans être bouillie.

Les personnes qui se trouvent exposées accidentellement à de l’eau contaminée (par exemple, en tombant dans une rivière) doivent se sécher vigoureusement avec une serviette pour tenter d’enlever les éventuels parasites avant qu’ils ne pénètrent dans la peau.

Il peut être efficace d’utiliser des molluscicides dans les réserves d’eau douce contenant des schistosomes pour prévenir la schistosomiase, mais cela peut également être difficile à mettre en œuvre, être onéreux et soulever des problèmes au niveau écologique. Un traitement de masse des services communautaires ou scolaires avec praziquantel (médicament antiparasitaire) et des programmes éducatifs sont utilisés pour contrôler la schistosomiase dans les régions endémiques.

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