Commentaire — Ai-je vraiment besoin de passer une coloscopie ? Ce que les patients doivent savoir sur le dépistage du cancer colorectal
Commentaire12/19/19 Minhhuyen Nguyen, MD, Fox Chase Cancer Center, Temple University

Sur la liste des choses que l’on attend avec impatience, la coloscopie arrive pratiquement en dernier. De fait, de nombreuses personnes disent qu’elles éviteraient ou repousseraient le moment de passer une coloscopie, pour différentes raisons. Pour certaines personnes, la raison en est le processus de préparation désagréable, tandis que d’autres personnes sont trop gênées ou ont peur que la procédure soit douloureuse. S’il est très probable que la coloscopie ne sera jamais un examen que l’on a hâte de passer, l’appréhension que l’on ressent à son égard est en grande partie fondée sur une compréhension obsolète du déroulement de cet examen.

Une coloscopie aujourd’hui est très différente de ce qu’elle était il y a 20 ans. En outre, les avantages du dépistage préventif l’emportent de loin sur les désagréments associés à l’examen ou à la préparation qui le précède. En dehors des cancers de la peau, le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent parmi les hommes et les femmes aux États-Unis. Les dépistages préventifs comme la coloscopie sont la meilleure façon de dépister le cancer du côlon tôt afin qu’il puisse être traité efficacement.

Pour soulager l’anxiété associée à la coloscopie, il faut tout d’abord éliminer les incertitudes. Voici six questions à poser à votre médecin au sujet de la procédure et des soins préventifs efficaces.

1. Qu’est-ce qu’une coloscopie ?

Une coloscopie est un test de dépistage du cancer du côlon qui implique l’insertion d’un instrument de visualisation flexible dans le gros intestin pour détecter les polypes. Souvent, les polypes découverts pendant la coloscopie sont retirés pendant la procédure et évalués pour déceler tout éventuel cancer.

Le côlon doit être soigneusement nettoyé pour la procédure, ce qui nécessite une préparation spécifique à l’avance. Cette préparation consiste à boire un laxatif et à aller aux toilettes plusieurs fois jusqu’à ce que le côlon soit nettoyé.

2. À quel âge devrais-je passer une coloscopie ?

Le dépistage du cancer colorectal (CCR) doit commencer à 50 ans pour les personnes qui présentent un risque moyen de développer un cancer colorectal. Cependant, il peut être utile d’en parler plus tôt à votre médecin. L’American Cancer Society recommande aux personnes présentant un risque moyen de commencer le dépistage du cancer colorectal dès l’âge de 45 ans. Le groupe a approuvé cette modification en 2018, en réponse à l’augmentation du taux de cancer colorectal chez les individus de moins de 50 ans. De nombreux autres groupes, y compris l’U.S. Preventive Services Task Force, recommandent encore aux individus présentant un risque moyen de commencer le dépistage à l’âge de 50 ans.

Il n’y a aucun avantage à attendre. Au minimum, les personnes présentant un risque moyen de cancer colorectal doivent aborder le sujet du dépistage avec leur médecin dès l’âge de 45 ans.

Le dépistage du cancer colorectal doit se poursuivre jusqu’à l’âge de 75 ans. Pour les personnes âgées de 76 à 85 ans, les médecins prennent en compte l’état de santé global et les résultats des précédents dépistages, puis décident s’il faut ou non poursuivre le dépistage.

 3. Quels sont les facteurs de risque du cancer colorectal ?

Que signifie présenter un « risque moyen » de cancer du côlon ? Il n’y a pas de définition fixe, mais il existe des facteurs de risque importants à connaître. Les antécédents familiaux de cancer du côlon représentent le facteur de risque le plus important. Les individus ayant un parent au premier degré (un parent, un frère ou une sœur, ou un enfant) qui a eu un cancer colorectal pourraient devoir commencer le dépistage plus tôt. Les autres facteurs de risque comprennent le fait d’être atteint d’une maladie du côlon, par exemple la rectocolite hémorragique ou la maladie de Crohn.

Il est important de noter que le cancer colorectal se développe lentement à l’insu du patient qui n’en ressent que tardivement les symptômes. Pourtant, de nombreuses personnes qui repousseraient le moment de passer une coloscopie disent attendre, car elles ne présentent pas de symptômes inquiétants. Les individus doivent être dépistés en fonction de leurs facteurs de risque et de leur âge, et non pas du fait qu’ils présentent ou non des symptômes comme de la fatigue ou la présence de sang dans les selles.

4. Comment peut-on rendre la préparation un peu plus facile ?

Il est impossible de l’éviter. La préparation d’une coloscopie consiste à boire une grande quantité de liquide et à aller de nombreuses fois aux toilettes. Elle est toutefois moins désagréable qu’auparavant. À l’heure actuelle, la préparation la plus courante consiste à boire trois à quatre litres de liquide et à aller de nombreuses fois aux toilettes au cours des 24 heures qui précèdent la procédure. Vous devrez également éviter les aliments solides et boire uniquement des liquides clairs pendant cette période.  

Les détails spécifiques du processus de préparation varient en fonction de votre situation et des méthodes que préfère votre médecin. Consultez votre médecin au sujet des détails de la préparation, y compris concernant la vitesse à laquelle vous devez boire les liquides. Veillez à poser toutes questions que vous pourriez ensuite avoir au cours des jours précédant la procédure. 

5. Puis-je recevoir un sédatif ?

La plupart des personnes passant une coloscopie choisissent de recevoir un sédatif. Pourtant, 9 % des individus disent qu’ils repousseraient le moment de passer une coloscopie, car ils ne veulent pas recevoir de sédatif. Dans la plupart des cas, les personnes peuvent choisir de ne pas recevoir d’anesthésie modérée si elles sont inquiètes au sujet des faibles risques de la sédation et du temps de récupération requis.

6. Quelles sont les autres options de dépistage ?

Les autres options de dépistage comprennent le test immunochimique de recherche de sang occulte dans les selles (iFOBT), qui vise à détecter la présence de sang dans les selles et est réalisé tous les ans, et le test d’analyse de l’ADN fécal, qui recherche dans les selles la présence de matériel génétique lié à un cancer. Les analyses génétiques de selles sont souvent combinées aux tests immunochimiques de recherche de sang occulte dans les selles (tests iFOBT-ADN) et sont réalisées tous les 3 ans. Ces analyses peuvent être effectuées à domicile, et les résultats sont disponibles rapidement. Si ces analyses de selles sont positives, il faut alors procéder à une coloscopie. Il est important de demander à votre médecin si ces analyses de selles représentent une bonne option de dépistage pour vous.

N’oubliez pas : l’âge n’est qu’un chiffre. Le risque et la meilleure approche de sélection varient légèrement pour chaque individu. La meilleure chose à faire pour commencer est de consulter votre médecin, le plus tôt étant le mieux. Consultez la page des manuels sur le cancer colorectal pour vous préparer à cette conversation.

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