Cancer du larynx

ParBradley A. Schiff, MD, Montefiore Medical Center, The University Hospital of Albert Einstein College of Medicine
Vérifié/Révisé déc. 2022
Voir l’éducation des patients

Quatre-vingt-dix pour cent des cancers du larynx sont des carcinomes malpighiens. Le tabagisme, la consommation excessive d'alcool, un statut socio-économique inférieur et le fait d'être un homme de 60 ans augmentent le risque. Un diagnostic précoce est fréquent dans le cas des tumeurs des cordes vocales car on observe rapidement un enrouement. Cependant, les tumeurs supraglottiques (au-dessus des cordes vocales) et les tumeurs sous-glottiques (sous les cordes vocales) se manifestent souvent à un stade avancé parce qu'elles peuvent rester asymptomatiques très longtemps. Le diagnostic repose sur la laryngoscopie et la biopsie. Le traitement des tumeurs à un stade précoce est l'intervention chirurgicale ou la radiothérapie. À un stade avancé, les tumeurs sont souvent traitées par la chimiothérapie et la radiothérapie. La chirurgie est réservée au traitement de sauvetage ou aux lésions avec extension extra-laryngée ou destruction du cartilage. Un rétablissement de la capacité de parler est nécessaire si une laryngectomie totale est pratiquée.

(Voir aussi Revue générale des tumeurs de la tête et du cou.)

La tumeur maligne du larynx la plus fréquente est le carcinome malpighien. Aux États-Unis, elle est 4 fois plus fréquente chez les hommes et est plus fréquente chez les personnes de faible statut socio-économique. Plus de 95% des patients sont des fumeurs; 15 paquets/années multiplient le risque par 30. L'incidence du cancer du larynx est d'environ 12 000 nouveaux cas par an et est en baisse, en particulier chez l'homme, le plus probablement du fait des modifications des habitudes tabagiques. Les décès annuels sont d'environ 3750 (1). (Voir aussi National Cancer Institute: Cancer Stat Facts: Laryngeal Cancer.)

Soixante pour cent des patients se présentent avec une maladie localisée; 25% se présentent avec une maladie locale et une métastase ganglionnaire régionale; et 15% présentent une extension locale avancée et/ou des métastases à distance. Les métastases ganglionnaires sont plus fréquentes dans les tumeurs supraglottiques et sous-glottiques que dans les cancers glottiques en raison du drainage lymphatique minimal de la glotte et parce que les tumeurs glottiques provoquent des symptômes plus tôt. Les métastases à distance siègent le plus souvent dans les poumons, l'os et le foie.

Les sites d'origine fréquents sont les cordes vocales (glotte) et larynx supraglottique. Un site moins fréquent est le larynx sous-glottique, d'où proviennent seulement 1% des cancers primitifs du larynx. Le cancer verruqueux, une variante rare du carcinome malpighien, naît habituellement au niveau de la région glottique et a un meilleur pronostic vital que la forme habituelle.

Références générales

  1. 1. Siegel RL, Miller KD, Jemal A: Cancer statistics, 2020. CA Cancer J Clin. 2020;70(1):7-30. doi:10.3322/caac.21590

Symptomatologie du cancer du larynx

La symptomatologie du cancer du larynx diffère suivant la partie du larynx atteinte. L'enrouement est fréquent au début de cancers glottiques mais c'est un symptôme tardif des cancers supraglottiques et sous-glottiques. Les patients qui ont un cancer sous-glottique se présentent souvent avec une obstruction des voies respiratoires, l'enrouement est un symptôme tardif fréquent. Les patients qui ont un cancer supraglottique se présentent souvent avec une dysphagie; d'autres symptômes fréquents sont une obstruction des voies respiratoires, une otalgie, le développement d'une masse du cou, ou une voix de «patate chaude». Les patients présentant ces symptômes doivent subir une laryngoscopie directe sans attendre.

Diagnostic du cancer du larynx

  • Laryngoscopie

  • Endoscopie et biopsie opératoire

  • Examens d'imagerie pour la classification par stades

Tous les patients qui ont un enrouement durant > 2 à 3 semaines doivent subir un examen de leur larynx par un spécialiste de la tête et du cou. Certains praticiens utilisent un miroir pour évaluer le larynx, mais la plupart préfèrent un examen par fibroscopie flexible. Toute lésion découverte nécessite un bilan plus approfondi, habituellement avec endoscopie et biopsie, avec une évaluation concomitante des voies respiratoires supérieures et du tractus gastro-intestinal du fait du risque de cancers associés. L'incidence de tumeurs primitives synchrones peut aller jusqu'à 10%.

Les patients qui présentent des carcinomes confirmés ont généralement une TDM du cou avec injection de produit de contraste et une rx thorax ou une TDM du thorax. La plupart des médecins pratiquent également une PET du cou et du thorax au moment du diagnostic.

Classification par stades du cancer du larynx

Aux fins de la classification du stade clinique, le larynx est divisé en 3 régions: la supraglotte, la glotte et la sous-glotte (1). Le cancer du larynx est classé par stade en fonction de la taille et du site de la tumeur primitive (T). nombre et taille des métastases ganglionnaires cervicales (N) et preuve de métastases à distance (M). Il existe des catégories N différentes pour les cancers liés au HPV et non liés au HPV. La définition du stade nécessite généralement une imagerie comprenant une TDM et/ou une IRM, et souvent une PET.

La classification clinique par stade est basée sur les résultats de l'examen clinique et des examens effectués avant la chirurgie. La classification anatomopathologique par stade est basée sur les caractéristiques anatomopathologiques de la tumeur primitive et le nombre de ganglions positifs détectés pendant la chirurgie.

L'extension extranodale est incorporée dans la catégorie "N" du cancer métastatique aux ganglions du cou. Le diagnostic clinique d'extension extranodale repose sur la mise en évidence d'une extension extranodale globale lors de l'examen clinique et sur l'imagerie confirmant le résultat. L'extension pathologique extranodale est définie comme une preuve histologique de tumeur dans un ganglion lymphatique s'étendant à travers la capsule ganglionnaire dans le tissu conjonctif environnant, avec ou sans réaction stromale associée.

Référence pour la classification par stades

  1. 1.  Amin MB, Edge S, Greene F, Byrd DR, et al: American Joint Committee on Cancer (AJCC) Cancer Staging Manual, 8th edition. New York, Springer, 2017; AJCC Cancer Staging Form Supplement, 2018.

Pronostic du cancer du larynx

Le taux de survie relatif à 5 ans des patients atteints de cancer du larynx est de 61%. Le carcinome glottique à un stade précoce a un taux de survie à 5 ans de 85 à 95% (1). Les patients qui présentent une maladie ganglionnaire régionale ont un taux de survie relative à 5 ans de 46% et ceux qui présentent des métastases à distance ont un taux de survie relatif à 5 ans de 34% (voir National Cancer Institute: Cancer Stat Facts: Laryngeal Cancer).

Référence pour le pronostic

  1. 1. Chen JJ, Stessin A, Christos P, et al: Differences in survival outcome between stage I and stage II glottic cancer: A SEER-based analysis. Laryngoscope 125(9):2093-2098, 2015. doi:10.1002/lary.25338

Traitement du cancer du larynx

  • Stade précoce (T1 et T2): chirurgie ou radiothérapie

  • Modérément avancé (T3): radiothérapie et parfois chimiothérapie

  • Avancée (T4): chirurgie (souvent suivie d'une radiothérapie et parfois d'une chimiothérapie) ou parfois chimiothérapie et radiothérapie

Les cancers glottiques au stade précoce sont traités par l'exérèse au laser, la radiothérapie ou parfois la chirurgie laryngée à ciel ouvert. La résection endoscopique au laser et la radiothérapie préservent habituellement une voix et une fonction post-traitement normales et ont des taux de guérison similaires. La chirurgie ou la radiothérapie sont utilisées pour traiter le cancer glottique à un stade précoce généralement en fonction de la localisation des lésions sur la glotte, des préférences de l'institution traitante et du patient.

Dans le cas des cancers à un stade modérément avancé, définis par une perte de la mobilité des cordes vocales ou une extension à la langue, la plupart des patients est traitée à la fois par chimiothérapie et radiothérapie. Si le patient au moment du diagnostic présente une extension à l'extérieur du larynx ou une invasion du cartilage, une laryngectomie apporte les meilleurs résultats oncologiques; la laryngectomie est couramment totale, mais la résection endoscopique au laser ou la laryngectomie partielle ouverte peuvent être utilisées dans des cas appropriés. Une laryngectomie totale est aussi couramment effectuée en situations de sauvetage; cependant, la résection endoscopique ou la laryngectomie partielle ouverte peuvent parfois être utilisée dans ces situations.

Un cancer sus-glottique à un stade précoce peut être efficacement traité par radiothérapie et laryngectomie partielle. La résection au laser a connu un succès considérable au stade précoce supraglottique des carcinomes épidermoïdes et minimise les anomalies fonctionnelles après chirurgie. Lorsque le cancer est plus avancé mais respecte les cordes vocales, une laryngectomie partielle sus-glottique peut être pratiquée pour préserver la voix et le sphincter glottique. Si les cordes vocales sont également atteintes, une laryngectomie supracricoïdienne ou une laryngectomie totale sont nécessaires si la chirurgie est décidée.

Comme dans le cas du carcinome glottique, la plupart des cancers de stade supraglottique sont initialement traités par chimiothérapie et radiothérapie. La supraglotte a un riche réseau lymphatique, de sorte que chez tous les patients atteints de cancer supraglottique, le cou doit être traité par chirurgie et/ou radiothérapie.

Le carcinome sous-glottique précoce est rarement traitable par résection endoscopique, la radiothérapie est donc la base du traitement. Pour les lésions sous-glottiques plus avancées ou les lésions avec métastases, la chimioradiothérapie est la norme de soins sauf en cas d'extension en dehors du larynx ou d'invasion étendue du cartilage, auquel cas la laryngectomie totale fournit le meilleur résultat.

(Voir aussi the National Cancer Institute’s summary Laryngeal Cancer Treatment.)

Rééducation

Une rééducation peut être nécessaire après un traitement chirurgical ou non chirurgical. D'importants problèmes de déglutition sont fréquents après la chimiothérapie et la radiothérapie qui peuvent nécessiter une dilatation œsophagienne, une thérapie de la déglutition, ou, dans les cas graves, le remplacement chirurgical du pharynx ou une alimentation par sonde de gastrostomie. La déglutition est également affectée par la chirurgie et peut nécessiter une rééducation de la déglutition et des dilatations.

La séquelle phonatoire est souvent plus importante après chirurgie. Après une laryngectomie totale, la création d'une nouvelle voix est nécessaire en utilisant

  • Le langage œsophagien

  • Une ponction œsotrachéale avec prothèse phonatoire

  • Un électrolarynx

Avec ces 3 techniques, le son est transformé en paroles par l'intermédiaire du pharynx, du palais, de la langue, des dents et des lèvres.

La voix œsophagienne consiste à prendre l'air dans l'œsophage pendant la phase inspiratoire et à éructer progressivement cet air par la jonction pharyngo-œsophagienne pour produire un son.

Une ponction trachéo-œsophagienne implique la pose d'une valvule à une voie entre la trachée et l'œsophage pour faciliter la phonation. La prothèse phonatoire force le passage d'air dans l'œsophage pendant l'expiration pour permettre la production d'un son. Les patients peuvent tirer profit de séances de kinésithérapie, d'orthophonie et d'un apprentissage pour entretenir et utiliser cette valvule et doivent être prévenus de la possibilité d'inhalation de nourriture, de liquides et de sécrétions par l'orifice de trachéotomie.

L'électrolarynx est un générateur sonore alimenté par piles tenues contre le cou pour produire des sons. Bien qu'il soit socialement stigmatisant pour de nombreux patients, il a l'avantage d'être immédiatement fonctionnel avec peu ou aucune formation.

Points clés

  • L'enrouement est fréquent au début de cancers glottiques mais c'est un symptôme tardif des cancers supraglottiques et sous-glottiques.

  • Tous les patients qui ont un enrouement durant > 2 à 3 semaines doivent subir un examen de leur larynx par un spécialiste de la tête et du cou.

  • Les patients qui présentent des carcinomes confirmés effectuent généralement une TDM du cou avec injection de produit de contraste et souvent une rx thorax ou une PET/TDM aux stades avancés.

  • Traiter le cancer au stade précoce glottique (T1 et T2), supraglottique et sous-glottique par chirurgie ou radiothérapie.

  • Traiter les cancers glottiques, supraglottiques et sous-glottiques modérément avancés (T3) par radiothérapie et parfois chimiothérapie.

  • Traiter les cancers glottiques, supraglottiques et sous-glottiques les plus avancés (T4) qui s'étendent à l'extérieur du larynx par la chirurgie, puis une chimiothérapie et une radiothérapie post-opératoire.

  • On peut envisager pour certains cancers T4 peu invasifs un traitement primaire par chimiothérapie et radiothérapie.

Plus d'information

La source d'information suivante en anglais peut être utile. S'il vous plaît, notez que LE MANUEL n'est pas responsable du contenu de cette ressource.

  1. National Cancer Institute’s Summary: Laryngeal Cancer Treatment

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